Les Archives de Maignaut Passion |
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SOMMAIRE |
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Avril 2012 - N°41 |
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Avril 2012
Vidéos des fêtes d'antan
Décembre 2011
La place du village
en expansion (1861-1985)
Décembre 2011
Mais où passait donc le
grand chemin de Condom ?
Décembre 2011
La salle des fêtes
a 20 ans !
Juillet 2011
Maignaut,
village médiéval
Avril 2011
Un descendant
des Lavay nous écrit
Avril 2011
Un maignautois
condamné pour crime de
« Lèse Majesté divine » !
Décembre 2010
Lettres d'un maignautois
pendant la Grande Guerre
Juillet 2010
Les seigneurs du Tauzia
Juillet 2010
A la recherche des Maignaut
Avril 2010
La politique au village :
des années 1800 à 1914
Juillet 2009
Gens de Maignaut et
du Tauzia au XVIIIe siècle
Janvier 2009
Les Lavay,
notables maignautois
Janvier 2008
Les Lafourcade, seigneurs
et maires du Tauzia
Juillet 2007
Une dynastie de meuniers
au moulin de Maignaut
Avril 2007
Les Maignautois
et leurs archives racontent
Septembre 2006
Une canicule historique
Septembre 2006
Qui étaient
les
seigneurs de Maignaut
Juillet
2006
A la recherche
d’une tuilerie oubliée
Avril 2006
Roncevaux, samedi
15 août 778
Avril 2003
Rénée Mussot Goulard
revient sur le lieu
de ses fouilles
Juin 2001
Les noms de lieux
à Maignaut-Tauzia
Décembre 2000
Edouard 1er d'Angleterre
et Aliénor de Castille
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La Maignostalgie
Etiez-vous dans l'arène, à table ou au service ?
Revivez en vidéo les belles fêtes d'antan (1982-1993) |
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Suite à notre article de MPI n°40 « La fête sans salle des fêtes » Gérard Salaün a exhumé pour nous des vidéos sur cassettes des fêtes du 14 juillet tournées à Maignaut entre 1982 et 1993 par des cinéastes amateurs et remises aux organisateurs de l'époque. La numérisation n'a pas permis de récupérer la totalité des enregistrements et nous avons dû couper les séquences les plus endommagées. Le résultat reste de qualité inégale, les couleurs se brouillent parfois et la bande son vire çà et là au brouhaha. Mais l'intérêt historique est manifeste.
De nombreux maignautois s'y reconnaîtront dans leurs plus jeunes années. Ils retrouveront surtout une folle ambiance de fête qui après s'être un temps prolongée dans les « Show Bike » a maintenant déserté Maignaut. Le dynamisme des équipes d'organisateurs qui se sont succédées depuis cette époque faste n'est nullement en cause, c'est le contexte qui est différent. D'ailleurs le cas de notre commune n'est pas isolé, à Valence, à La Sauvetat, ou à Saint-Puy qui participaient activement à ces fêtes la flamme a également vacillé.
Ces fêtes de Maignaut entrent donc dans l'histoire.
Revivez, en 20 vidéos de quelques minutes, les jeux de vachette, les courses d'ânes, la Banda des Valencianos, l'épreuve de la corde ou un fabuleux repas dansant de 400 convives au Tauzia. S. Belliard |
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Extrait du N° 41 de Maignaut Passion Info – pages 2 à 4 : Chargez le pdf |
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Décembre 2011 - N°40 |
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La place du village en expansion (1861-1985) |
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Avant le milieu du XIXe siècle, le plan médiéval du village subit peu de transformations et la place publique occupe un espace restreint devant le château et autour de l'actuel puits. A partir des années 1860 et jusqu'aux années 1980, la commune fera agrandir cette place en y englobant les pâtus (espaces enherbés) et des îlots de maisons délabrées. Bertrand Boquien nous relate ci-dessous deux étapes importantes de ces transformations.
Le 4 août 1861, le maire propose au Conseil Municipal la réalisation d'un projet « dont il l'avait déjà entretenu plusieurs fois », celui d'assainir la place du village. Il ne s'agit pas de la « place communale » située devant le château, mais du plus petit des deux îlots qui occupent le centre du village. Cet espace est en majeure partie constitué par des « pâtus », espaces en herbe servant à divers usages. On y trouve aussi une étable et une écurie. Les propriétaires y déposent « du fumier, des bûchers et des tas de pierre ». La pente de la place y fait ruisseler et stagner les eaux de pluie. Pour le maire, c'est un foyer d'infection. En présentant son projet au Conseil municipal, il se réfère d'ailleurs à une épidémie qui a frappé la commune, mais dont nous ignorons tout : « Mr le Maire... rappelle à l'assemblée la mortalité à jamais déplorable qui eut lieu en 1849, et dont la principale cause peut être attribuée à l'état pitoyable de cette place où croupissent les eaux pluviales du village et que, pour prévenir le retour de pareilles épidémies, il était du plus haut intérêt pour les habitants d'améliorer un tel état de choses ». Maignaut avait peutêtre été frappé par une épidémie de choléra. La France connut en effet à cette époque plusieurs épidémies meurtrières de cette maladie. Le Conseil municipal décide donc d'acquérir les 5 petites parcelles qui forment cet espace. Les propriétaires recevront en contrepartie des parcelles prélevées sur les pâtus communaux qui entourent le village .
L'espace dégagé à cette époque ne représente qu'une petite partie de la
vaste place qui forme aujourd'hui le centre du village. Le grand îlot situé au sud du précédent n'était pas affecté par le projet et n'a disparu que beaucoup plus tard. Il était occupé en grande partie par des maisons et des dépendances qui sont peu à peu tombées de vétusté. Le dernier bâtiment resté debout, un chai, aurait été démoli dans les années 1960. Il ne restait plus qu'un terrain vague, sur lequel s'élevaient encore les décombres d'anciennes constructions.
En juin 1983, le Conseil municipal décida d'acquérir ces parcelles à l'abandon et de dégager l'espace qu'elles occupaient afin d'aménager une place et d'embellir le village. L'opération fut réalisée en 1984 et la place fut plantée d'arbres en 1985. ? Bertrand Boquien |
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Extrait du N° 40 de Maignaut Passion Info - pages 6 et 7 : Chargez le pdf |
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Décembre 2011 - N°40 |
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Mais où passait donc le grand chemin de Condom ? |
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Large et droite, la route qui relie Valence à Condom en venant d'Auch fait partie des nombreux « grands chemins » créés ou rénovés au XVIIIe siècle. Les manuscrits de l'abbé Daignan du Sendat (mort en 1764) mentionnent le « chemin neuf d'Auch à Condom », passant par Valence(1). Mais deux actes notariés permettent de situer plus précisément ce chantier routier dans le temps(2). Le 23 octobre 1744, devant Me Boyer, notaire, le sieur Guillaume Chéné, « entrepreneur des ponts à construire sur le chemain royal de Barbaste, Nérac, Condom à Valence » soustraite la construction de plusieurs ponts à Etienne Lapeyrere, maître maçon de Valence. Le 12 mai 1745, François Goux, maître maçon de Cassaigne, cède la sous-traitance des ponts qu'il doit construire à Joseph Lanne, maître maçon de Castelnau d'Arbieu. Ce marché porte sur la construction de deux ponts « l'un sur le ruisseau dit de Brunet juridiction de Condom, et l'autre sur le ruisseau de Lacouture au dessous et près de l'hôpital de la Charité du dit Condom ». La nouvelle route est donc en construction vers 1745 et le chantier a atteint Maignaut, puisque le ruisseau de Brunet dont il question sépare la juridiction de Maignaut de celle de Condom. Le pont de pierre qui franchissait l'Auloue à la limite des communes de Valence et de Maignaut-Tauzia(3), et que la Résistance fit sauter en juillet 1944, était probablement un des ouvrages d'art de cette nouvelle route.
Ce chantier n'appartient pas aux grands travaux de l'Intendant d'Étigny, qui va beaucoup contribuer à la modernisation du réseau routier dans sa généralité d'Auch(4). Il relève de celle de Bordeaux, où siège à l'époque l'intendant Tourny. Ces travaux s'appuyaient sur la « corvée royale ». Lescommunautés rurales situées à proximité des chantiers devaient fournir gratuitement des journées de travail pour les terrassements ou pour le transport des matériaux. C'est ce qui se passa lors de la construction de la nouvelle route de Condom. Le marché passé par François Goux en 1745 pour la construction de deux ponts stipule que
l'entrepreneur n'aura, pour le transport des matériaux, « autre faculté... que celle du transport d'iceux au moyen des corvées que le Roy fait faire à pied d'oeuvre5 ». Les hommes des communautés voisines, dont sans doute celles de Maignaut, et du Grand et du Petit Tauzia, furent probablement réquisitionnés pour les transports de matériaux.
Où passait le grand chemin de Condom avant la construction de la route actuelle ? Le nouveau tracé, parallèle à la Baïse, n'a pas dû s'écarter beaucoup de l'ancien. Celui-ci passait probablement à l'est de la route actuelle. Ce qui le fait penser, c'est l'existence, au bord de cette vieille route, d'une hôtellerie dite « de Surleigne » ou « du Tauzia ». Elle appartenait au seigneur du Tauzia. De nombreux actes en font mention entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Or le lieu-dit « Surleigne », d'après le cadastre du Grand-Tauzia de 1816, se trouve entre la route et le hameau du Couilléou, donc à peu de distance (l'hôtellerie ne figure plus sur le plan). Un bail à ferme du 2 mai 1751 (donc passé très peu de temps après la construction des ponts) semble mentionner cette vieille route6. Par cet acte, les moines de Flaran afferment leurs métairies de Lauzit et de Trouillon à des bourgeois de Valence, le marchand Arnaud Peres et le chapelier Raymond Lacombe. Mais les religieux se réservent « le vieux chemin nouvellement extirpé alant de Susleigne à Trouillon ». Ce chemin désaffecté ne serait-il pas une portion de la vieille route de Condom ? Elle aurait pu passer par le hameau de Trouillon, qui sur le plan cadastral de 1816 se présente comme un village-rue étiré parallèlement à la nouvelle route. Aurait-elle rejoint Condom en traversant le village d'Herret ? D'autres recherches indiqueront peut-être un jour si cette hypothèse... tient la route. Bertrand Boquien
Notes
1 - Cité par Philippe Lauzun, Châteaux gascons de la fin du XIIIe siècle, Valence-sur-Baïse, Revue de Gascogne, 1897, p. 333-350, 413-432, 548-564 (p. 347).
2 - A.D. Gers, 3E 2579 (23 oct. 1744, 12 mai 1745).
3 - Au niveau du lieu-dit Bagatelle (aujourd'hui la Ferme de Flaran).
4 - Il est nommé en 1751.
5 - A.D. Gers, 3 E 2579 (12 mai 1745).
6 - A.D. Gers, 3 E 2591 (2 mai 1751). |
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Extrait du N° 40 de Maignaut Passion Info – pages 8 et 9 : Chargez le pdf |
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Décembre 2011 - N°40 |
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La salle des fêtes a 20 ans |
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Inaugurée le 8 février 1992, la salle des fêtes célébrera prochainement son 20e anniversaire. Un projet fortement décrié à l'origine mais mené à son terme par une équipe municipale déterminée.
Avec l'agrandissement et l'aménagement de la place du village en 1985, cette construction marquait le début du renouveau de Maignaut-Tauzia.
20 ans après
La salle des fêtes a trouvé sa place dans le paysage maignautois. En 1997, un localcuisine et la nouvelle mairie ont été accolés au bâtiment, constituant le centre d'activité et de convivialité de la commune.
Récemment repeinte et équipée de la climatisation, la salle des fêtes nécessiterait maintenant l'amélioration de son acoustique intérieure par la mise en oeuvre des technologies nouvelles.
Les officiels
Jean-Pierre Joseph, président du Conseil général,
Aubert Garcia, sénateur
Jean Dubos, conseiller régional
Jean Salaün, Maire de Maignaut-Tauzia
La construction
Superficie : 360 m2
Architecte : Max Yubero
Entrepreneurs : José Casalé, Jean-Pierre Latrille |
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Extrait du N° 40 de Maignaut Passion Info – pages 10 à 14 : Chargez le pdf |
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Juillet 2011 - N°39 |
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Maignaut, village médiéval |
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(extrait de « Du Moyen-Âge au début du XIXe siècle ») |
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Clos de murs, au pied d'un château et plus tard de l'église. S'il a gardé des pans de son mur d'enceinte et une porte il ne ressemble guère au village au bâti serré qu'il était encore au début du XIXe siècle.
La motte et le village
Le plus ancien monument de Maignaut est une butte de terre artificielle : la motte sur laquelle fut élevé le premier château. Le château sur motte est un château d'un type nouveau, qui se diffuse dans toute l'Europe au cours du XIe siècle. Une butte circulaire, entourée d'un fossé, supporte une tour de bois. A son pied, une seconde enceinte forme la « basse-cour », abritant les dépendances du château et servant de refuge aux populations en cas de danger. C'est peut-être au XIe siècle que fut construite la motte de Maignaut, toujours en place dans le village. Sa forme s'est un peu altérée au fil du temps : elle n'est plus guère lisible à l'ouest, ni au sud, où le talus a été remodelé. C'est au nord et à l'est, qu'elle a le mieux conservé sa forme originelle.
Au pied de cette motte et de sa tour, à l'ouest, s'est groupé un village. Il compte 18 « feux » (foyers) en 1287(1). Vers le XIVe siècle, il fut entouré d'un mur d'enceinte dont les vestiges sont encore visibles aujourd'hui. La fouille menée par l'historienne Renée Mussot-Goulard en 1983 a démontré que la construction des murs n'était pas l'acte de naissance du village. Avant la construction des murs, trois habitats s'étaient succédé dans un même point du village. Le dernier fut sans doute détruit dans le feu et la guerre(2). La construction de l'enceinte a sans doute été l'occasion d'un réaménagement de l'habitat, selon le tracé orthogonal et relativement régulier que montre le plan cadastral de 18163. Ce plan nous a transmis presque intacte la forme du village de la fin du Moyen Âge, telle que l'avaient façonnée d'abord la construction de la motte, puis la construction d'un nouveau château en pierre et l'édification d'une enceinte villageoise. On pourrait définir Maignaut, d'après ce plan, comme la juxtaposition d'un cercle (la motte) et d'un carré (l'enclos villageois). La motte, de forme à vrai dire plus ovoïde que circulaire, est parfaitement dessinée. L'enceinte villageoise forme un carré, un peu aplati au nord-est et au sud-est, où la direction des murs s'infléchit pour rejoindre la motte. Elle entoure la plate-forme surélevée sur laquelle s'est construit le village. Aujourd'hui encore, on accède par des rampes aux entrées du village.
Grande Rue et place publique
Le château n'occupe pas le centre de la motte. Il s'est établi face au village, à cheval sur le sommet et le flanc de la butte. L'enceinte du village, fermée de deux portes, lui assure une première protection. Sur la motte sont venus s'installer l'église, adossée au château, et le cimetière. Le village est traversé par une « grande rue », à l'alignement fort peu régulier, qui va de la porte nord à la porte sud, du « chemin de Condom » au « chemin de Valence ». Une place publique, s'ouvre entre cette rue et le château, auquel elle sert de parvis. Ce n'est pas la grande place actuelle, mais une toute petite place, au pied du château. On y trouve aujourd'hui un puits, peut-être ancien. On la traversait pour accéder à l'église et au cimetière, en longeant le château. Cette place a peut-être été jadis bordée de couverts, comme beaucoup de places de villages en Gascogne. Un acte de 1747 décrit une maison « confrontant du levant à la place commune » du village, précédée d'une « place vuide ou patus », sur laquelle « il y avoit eu cy devant un couvert ou auban »(4). De l'autre côté de la « grande rue », le centre du village, où s'étend aujourd'hui une grande place, était occupé par deux îlots, séparés par une venelle, et dont un seul était bâti.
Les murs du village
Les murailles de Maignaut étaient encore en place dans la première moitié du XVIIIe siècle. Le livre-terrier de 1729, en donnant les confronts de chaque maison, indique celles qui s'appuient sur le mur du village(5). La maison du tisserand Arnaud Ladouch, par exemple, « confronte » (c'est-à-dire borde) au sud et à l'ouest « aux murs ». En mettant bout à bout ces informations, on reconstitue une enceinte ininterrompue. Son tracé se lit sans difficulté sur le plan cadastral de 1816. Quelques pans de murs subsistent encore aujourd'hui. On les reconnaît à leur parement de pierre de taille en appareil moyen, disposé en assises régulières. On retrouve ces morceaux de murs dans les façades, sur le côté nord du village, de part et d'autre de la porte. Au sud, la base d'un segment d'une quinzaine de mètres de longueur a été dégagée au-dessus du Monument aux Morts. Ce pan de mur s'étirait de la porte sud du village jusqu'à la motte, à l'est. Le segment subsistant permet d'observer le mode de construction du mur : là où le parement de belles pierres de taille n'existe plus, reparaît la maçonnerie de blocage qui constituait l'intérieur du rempart. Des contreforts s'adossaient aux murs d'enceinte. Il en reste deux, aux angles nord-ouest et sud-ouest. On observe les arrachements d'un troisième au nord. Le plan cadastral en montre d'autres, aujourd'hui disparus, sur le côté ouest. Le contrefort nord-ouest, que couronne un pigeonnier, est le mieux conservé. Sa maçonnerie s'imbrique parfaitement dans celle du mur d'enceinte. Il a donc été construit en même temps que lui et non pas ajouté plus tard pour parer à un risque d'effondrement. Il est probable que le mur d'enceinte cessa définitivement d'être entretenu au cours du XVIIIe siècle, et qu'il fut démoli peu à peu par la suite.
D'une porte à l'autre
L'enceinte possédait deux portes, placées aux deux extrémités de la « grande rue ». Le Livre terrier ne les mentionne pas et leurs noms ont été oubliés. Une seule de ces deux portes existe encore aujourd'hui : la porte nord. Restaurée en 2005, elle a retrouvé sa voûte, un étage et un toit. Avant cette restauration, il n'en restait que la base. A l'origine, l'ouvrage était une tour-porte et devait posséder un ou plusieurs étages, démolis à une époque inconnue. Il semble qu'un local existait encore au-dessus de la porte en 1816, car le massif oriental bordant le passage est représenté sur le plan cadastral comme une parcelle à part entière et figure comme « bâtiment rural » sur la matrice. Cette appellation ne se justifie pas pour un massif de pierre plein. En revanche, elle s'explique s'il en dépend, au-dessus de la rue, un local servant de grange ou de grenier. Large de 5,50 m, cette tour n'était pas flanquante : elle ne fait pas saillie vers l'extérieur par rapport au mur d'enceinte. A la base s'ouvrait une porte en arc brisé, large de 2,50 m, protégée par des vantaux, que pouvait bloquer en arrière une barre de bois. Cette porte ouvrait sur un passage voûté, de 3 m de longueur. De cette voûte ne subsistait plus avant 2005 que la première assise, des deux côtés. Le passage était à ciel ouvert. La restauration entreprise à l'initiative de l'association « Maignaut-Passion » a permis le rétablissement de la voûte et la construction d'un étage en pans de bois, couvert d'un toit de tuiles. La seconde porte ouvrait au sud. Elle n'existait plus en 19076. On la reconnaît sur le plan cadastral de 1811 à l'étranglement de la rue à son extrémité. On n'est pas certain pour autant qu'il existait encore à cette époque un arc et une voûte. Mais un pan de mur encore visible aujourd'hui en bordure de l'ancien passage semble avoir appartenu à cette porte. A cet emplacement, la rue longe un curieux massif en pierre de taille, pris dans le mur de la maison voisine, sans être tout à fait aligné sur lui. Haut d'environ 2,50 m, il présente un parement en appareil moyen régulier. Il n'appartient pas au mur d'enceinte proprement dit, car sa direction lui est perpendiculaire. Il s'agit probablement des vestiges d'un des deux massifs qui encadraient le passage de la porte disparue. S'il subsistait des vestiges du massif qui lui faisait face, ils auront été démolis en même temps que la maison qui bordait la rue à l'Est. Bertrand Boquien
Notes
1 - Benoît Cursente, Les castelnaux de la Gascogne médiévale. Gascogne gersoise, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 1980, 198 p., p. 139. On ne sait pas si les murs étaient construits à cette date.
2 - Renée Mussot-Goulard, Enquête sur Maignaut, Wasconia, n° 1, janvier 1985, Marsolan, 48 p.
3 - A.D. Gers, 3 P Maignaut-Tauzia: plan cadastral de 1816 (réunion des plans cadastraux de Maignaut et de Tauziale- Grand).
4 - A.D. Gers, 3 E 2593.
5 - A.D. Gers, E suppl. 3237.
6 - A.D.L.G., 45 J 8, note d'Adrien Lavergne sur Maignaut. |
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Extrait du N° 39 de Maignaut Passion Info – pages 12 à 15 : Chargez le pdf |
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Avril 2011 - N°38 |
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Un descendant des Lavay nous écrit |
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Nous avions publié en 2009 (MPInfo n°29 p.4) un article intitulé : « Les Lavay, notables maignautois » évoquant cette illustre famille dont furent issus plusieurs maires de Maignaut entre 1815 à 1860 et qui a laissé son nom gravé sur le socle de la croix de mission. André Vigneau, descendant des Lavay nous a adressé le texte ci-dessous et joint plusieurs photos.
« Je suis un descendant de Hortense LAVAY (1857-1940), mon arrière grand-mère, fille elle-même d'Ambroise et petite-fille de Jacques qui fut maire de Maignaut. A ce titre, bien que ne connaissant pas la région, et puisque je travaille sur la généalogie de mes ancêtres, je suis intéressé par toutes les informations que vous collectez sur Maignaut. Je vous remercie donc pour le travail que vous effectuez et je vous souhaite d'arriver au bout de vos efforts. Je souhaite aussi rester en contact avec vous. » A. Vignaux |
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Extrait du N° 38 de Maignaut Passion Info – page 2 : Chargez le pdf |
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Avril 2011 - N°38 |
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Un maignautois condamné pour crime de « lèse majesté divine » ! |
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Dans un courrier adressé à Bertrand Boquien sous couvert de l'Association, une correspondante toulousaine nous demande de lui communiquer les informations en notre possession sur le procès de Joseph Cantenac, propriétaire à Maignaut et Saint-Puy au XVIIIe siècle qui fut condamné pour crime de « lèse majesté divine » (probablement une hérésie) et dont les biens furent confisqués. L'historien Jean- Jacques Dutaut-Boué avait déjà attiré notre attention sur cette condamnation peu courante. Bertrand Boquien collabore avec cette correspondante pour retrouver les archives de ce procès et déterminer si la sentence de mort fut exécutée. |
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Extrait du N° 38 de Maignaut Passion Info – page 2 : Chargez le pdf |
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Décembre 2010 - N°37 |
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Lettres d'un maignautois pendant la Grande Guerre |
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Grâce à Jean-Jacques Dutaut-Boué, nous avons eu communication des lettres adressées par un maignautois, Émile Ransan, à ses proches, pendant qu'il était au front. Né en 1875, Émile Ransan était cultivateur à Bolle, où il a habité toute sa vie, hors ses 3 années de guerre, et où il est mort en 1959. Il avait 40 ans lorsqu'il fut mobilisé à l'automne 1915. Cet homme mûr était aussi un jeune marié : il avait épousé l'année précédente Jeanne Rieumajou. De sa correspondance, il est resté une liasse de 56 lettres et cartes postales, adressées entre le 2 octobre 1915 et le 21 janvier 1919 à ses cousins Albanie et Ambroise Dutaut, habitants Montereau, dans la commun e de Maignaut. A travers ses lettres, on revit sa guerre au quotidien. Mais elles sont aussi pleines d'allusions au « pays », de préoccupation pour les travaux agricoles qui se font sans lui, ou de nostalgie de sa vie à Maignaut, comme le montre cet extrait du chapitre consacré à sa correspondance..
Le coeur est resté au pays
L'intérêt des lettres d'Émile Ransan ne réside pas seulement dans l'aperçu qu'elles donnent de la vie quotidienne d'un soldat « territorial ». Dans sa correspondance, il effectue en pensée un aller-retour permanent entre le pays, où son coeur est resté, et le front : « nous entendions continuellement le maudit ronflement des avions, tellement que je me croyais chez nous à entendre le bourdonnement des batteuses » (29 août 1917). La météorologie au front lui inspire des considérations sur le temps qu'il doit faire à Maignaut et ses conséquences sur les cultures : « C'est donc aujourd'hui la foire à Valence. Si le temps est beau comme ici je suppose qu'il y aura eu du monde » (16 février 1917). « depuis trois jours nous avons la pluie et le temps est froid comme au mois d'octobre. S'il fait pareil chez nous, ceux qui sont en retard pour le dépiquage auront un mauvais temps pour faire ce travail » (29 août 1917). « Depuis bientôt huit jours, nous sommes au mauvais temps, pluvieux et froid. S'il fait ainsi chez nous, vous trouverez mauvais semer ». (9 octobre 1917). « Aujourd'hui il fait un beau soleil mais le vent est froid. S'il a fait ainsi chez nous, ils auront eu un mauvais temps pour finir de vendanger. Savez-vous s'ils ont fini ? » (18 octobre 1918). « Je crois que s'il a fait beau chez nous comme il a fait ici, on en aura profité pour commencer de semer » (2 novembre 1918). De là-bas, il commente les menus événements maignautois. Le « tue-cochon » est un événement : « Jeanne [sa femme] m'a écrit aujourd'hui qu'elle était rentrée de Tougnet et qu'ils devaient tuer le cochon mardi. Je suppose bien que vous y étiez pour faire cette opération-là. » (16 février 1917). A Bolle, la batteuse est tombée en panne : « Quant à la question de la batteuse, je crois bien que ce n'est pas en si peu de temps qu'elle est démolie ; il y avait bien quinze ans, qu'elle n'avait pas dépiqué à Bolle : depuis l'année 1902 puisque c'était en 1903 que la première fois nous avons dépiqué à la vapeur, et elle était bien malade. Il ne faut pas trouver étrange que 17 ans plus tard, elle soit démolie. Enfin, quoi qu'il en soit, je ferai refaire le montant du treuil, réajuster les engrenages du batteur et ensuite je payerai la réparation » (22 octobre 1917). Après sans doute une nouvelle panne, il conclut : « Je pense que nous allons pouvoir mettre ce bijou dans un coin pour faire couver les araignées ou le porter dans la Baïse qu'on ne le voie plus. Il est bon pour faire des frais et faire faire du mauvais sang » (3 septembre 1918).
En juillet 1916, les lettres reçues de Maignaut lui apprennent une catastrophe : une averse de grêle a dévasté les vignes : « la contrée doit être bien triste, à la saison où nous sommes de voir les vignes dépouillées comme pour la Noël. … ; un malheur ne guérit pas l'autre mais croyez-moi que la guerre est encore plus terrible que la grêle ». Gelées tardives, sécheresse précoce, inondations : le temps reste la grande préoccupation : « D'après votre lettre, je constate que les froids tardifs ont porté beaucoup de tort aux récoltes et que la sécheresse commence déjà à se faire sentir pour les labourages » (mai 1917). « Quel mauvais foin que nous allons avoir, vu les débordements qu'il vient de se produire et en ce moment que le blé doit être en fleur je suppose bien que le mauvais temps le fera perdre. Et les vignes, il n'y a pas paraît-il beaucoup de raisins : si encore ils venaient à bon port ; enfin que faire ? » (2 juin 1917). « … je vois qu'il a fait beaucoup de mauvais temps de tous côtés et que notre contrée a été encore jusqu'ici favorisée, mais nous ne tenons pas la récolte encore » (8 juillet 1917).
Ces trois années passées au front sont ponctuées de permissions. La correspondance mentionne 6 retours à Bolle. Aucune permission n'est mentionnée entre l'automne 1917 et l'automne 1918, mais peut-être simplement omet-il d'en parler. Il fait cependant allusion aux permissions plusieurs fois ajournées au cours de l'année 1918 « En ce moment, les permissions sont suspendues à cause du déménagement que nous venons de faire, car au lieu de venir en permission du repos, ce que j'aurais bien préféré, il a fallu le contraire, remonter en ligne » (9 mars). Peut-être les offensives et contre-offensives de cette année décisive ont-elles eu pour conséquence de longs mois sans revenir au pays. La durée des séjours varie : une grande semaine à l'automne 1916, 20 jours fin juillet début août 1917. C'est l'occasion de participer aux travaux et de reprendre en mains les affaires de la ferme. Il se plaint en effet du peu d'efficacité de son personnel qui finit par quitter la ferme au début 1918. « Lorsque j'allais en permission je me désolais de travailler tout le temps, et lorsque j'y revenais au bout de quatre mois ils étaient au même point d'où je les laissais. Si j'étais là toutes ces histoires n'arriveraient pas, c'est moi qui en suis le plus souffrant. » Permissions consacrées au travail, donc : « C'est donc la saison de dépiquer et suis sûr que dans certains endroits ce travail est déjà fait. J'aurais bien voulu faire comme l'année dernière : être là pour vous aider » (11 août 1918). « Lorsque je suis venu en permission ce mois de juillet, j'en ai profité pour dépiquer, tirer le fumier et rompre le champ de Mme Desbaratz. » (10 juin 1918). « … je ne m'attends pas à venir avant la fin septembre. Tant qu'à faire, je voudrais bien me trouver là pour vendanger ». (16 août 1918).
Les foires scandent l'année. Dans sa correspondance, Émile Ransan fait souvent allusion aux foires passées ou présentes de Valence et de Condom. « Je dois repartir le 25, jour de la foire de Condom » (13 novembre 1916), « C'est donc aujourd'hui la foire à Valence » (16 février 1916), « Je me souviens aussi que l'année dernière pour la foire de Condom de la St Jean, je venais de permission et repartais ce jour-là pour l'Alsace » (8 juillet 1917), « La foire de Valence cette même année [1889] aussi n'a pas pu se tenir à cause de la neige » (19 janvier 1918). Il suit les affaires de famille, mais avec distance. Elles ont peu d'importance pour qui risque sa vie tous les jours au front : « Si j'étais là toutes ces histoires n'arriveraient pas, c'est moi qui en suis le plus souffrant. J'en suis quitte pour faire du mauvais sang, et en ce moment ce qui m'intéresse le plus c'est ma peau, quoique voilà bientôt quatre ans de guerre j'en ai vu un peu de tout et je crains de ne pas avoir vu le plus mauvais ». (10 juin 1918).
Et voilà que dans les derniers mois de la guerre, on lui confie des tâches administratives. Il ne s'en plaint pas, mais ne s'y sent guère à l'aise : « Ici nous faisons des travaux : sapes et tranchées ; pour moi, je m'en suis dispensé pendant près de trois semaines d'aller au travail et m'en dispense encore quelquefois, mais pas si souvent. Figurez-vous que lorsque c'est possible, on me donne du travail pour écrire au bureau. Vous devez bien supposer que ce n'est pas trop un travail de ma compétence, mais enfin on s'en contente très bien. » (24 mai 1918). A l'automne, on lui confie de nouveau un travail de bureau. Il écrit le 2 novembre : « j'ai repris le travail que je faisais ce mois de mai et de juin (de secrétaire). Je suis planton au bureau du bataillon. Je fais les commissions qu'il y a à faire, et j'écris la plus grande partie du temps. (...) J'aimerais pourtant tout autant avoir une pioche ou une charrue entre les mains comme un porte-plume. »
Et encore le 21 janvier 1919 : « Je préférerais certainement mieux faire le laboureur, c'est un métier qui me va bien mieux, car j'ai plutôt la main faite pour labourer ou bêcher que pour écrire. Enfin je fais ce que je sais et tout le monde est content ». Bertrand Boquien
Notes
Archives familiales de Jean-Jacques Dutaut-Boué, transmises par son grand-père Albert Dutaut. Merci également à Mme Suzanne Ducasse, Mme Suzanne Ransan et M. Jean-Claude Ransan.
Les lettres ont été transcrites par Jean-Claude Bilheran. |
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Extrait du N° 37 de Maignaut Passion Info – pages 14 à 17 : Chargez le pdf |
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Juillet 2010 - N°36 |
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Les seigneurs du Tauzia |
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L'histoire des seigneurs du Tauzia a été retracée par Philippe Lauzun dans ses « Châteaux gascons ». Cette histoire reste obscure avant le XIVe siècle. On ne sait rien des premiers seigneurs du Tauzia, ni d'un château qui aurait pu précéder l'édifice actuel. Une famille du Tauzia semble pourtant exister à la fin du XIe siècle, puisqu'une charte cite, à l'occasion d'un arbitrage rendu en 1095, une demoiselle du Tauzia, mariée à Bernard de Polignac, seigneur de Pouypetit. Mais il faut attendre la seconde moitié du XIVe siècle pour voir apparaître le nom d'un seigneur du Tauzia.
Grand et Petit Tauzia
La terre du Tauzia se composait de deux seigneuries distinctes, longtemps regroupées dans les mêmes mains : celle du « Grand Tauzia », ou tout simplement du Tauzia, et celle du « Petit Tauzia ». Jean de Foix, vicomte de Lautrec, est « seigneur du Petit et Grand Tausia » en 1470. Lorsqu'il vend la terre du Tauzia à Jean de Marestang en 1479, les deux seigneuries sont mentionnées successivement dans l'acte de vente. Cette terre du Petit-Tauzia n'était pas contiguë à celle du Grand-Tauzia. Elle s'étendait à quelque distance au sud-ouest du village de Maignaut « au-dessous de la petite église de Bertin et sur les pentes occidentales de la Gèle ». Le seigneur y possédait la métairie du Petit Tauzia, métairie importante, car estimée à la fin du XVIIe siècle comme étant « du labouraige de quatre payres de boeufs ». Le « Bois du Tauzia » qui surplombe la Gèle est aujourd'hui le seul toponyme qui rappelle l'existence de cette seigneurie. Le quartier du Petit-Tauzia fut rattaché à la commune de Maignaut, dans les premières années du XIXe siècle, probablement lors de la confection des cadastres. La commune de Tauzia-le-Grand reçut en échange la section du Petit-Lauzit.
Les Barbazan et leurs héritiers
Manaud de Barbazan est le premier seigneur du Tauzia connu. Il rend hommage au comte d'Armagnac en 1362 pour les terres qu'il tient de lui, parmi lesquelles la seigneurie du Tauzia. Mais on ignore depuis combien de temps et à la suite de quelles cir cons tances cette seigneurie était aux mains des Barbazan. La famille devait son nom à son fief de Barbazan, situé à l'extrémité de la vallée de la Barousse, dans les contreforts pyrénéens. Manaud, et après lui son fils Arnaud Guilhem, s'illustrèrent dans les combats de la Guerre de Cent Ans. « Jamais peut-être en Gascogne, écrit Philippe Lauzun, famille ne fut plus guerrière et plus illustre que celle des Barbazan... Sans cesse sur les champs de bataille, au premier rang dans les combats célèbres, alliés fidèles des comtes d'Armagnac, ils luttent pour la fortune de la France ; et ce n'est que forcés par la loi du vainqueur qu'ils courbent momentanément la tête devant la bannière du roi d'Angleterre ». Outre l'hommage de 1362 rendu au comte d'Armagnac, Philippe Lauzun ne cite qu'un seul acte qui soit en relation avec la présence des Barbazan au Tauzia. Il s'agit d'un acte de 1423, passé au Tauzia, dans lequel Jeanne de Barbazan, dame de Galapian et du Tauzia, et fille de Manaud, vend la part qu'elle détient de deux moulins sur la Baïse. C'est une autre Jeanne de Barbazan, sa nièce, fille d'Arnaud- Guilhem, qui hérita de la terre du Tauzia après la mort de son père, survenue en 1431. Elle était mariée au comte d'Astarac, Jean II. Un quart de siècle plus tard, en 1458, leur fille unique, Catherine, hérita à son tour de la seigneurie. Elle avait épousé Pierre de Foix, vicomte de Lautrec, issu d'une branche cadette de la maison de Foix. La seigneurie du Tauzia ne resta pas très longtemps dans les mains des vicomtes de Lautrec. Le fils de Catherine d'Astarac et de Pierre de Foix, Jean de Foix, la vendit le 13 octobre 1479 à Jean de Marestang, gentilhomme de son entourage.
Les Marestang
La famille de Marestang doit son nom à une terre des environs de L'Isle-Jourdain. Jean de Marestang, l'acquéreur du Tauzia, était issu d'une branche collatérale de cette famille. On sait peu de choses sur la vie de ces seigneurs du Tauzia et de leur famille. Quelques actes notariés nous renseignent sur leurs affaires domestiques (affermes de moulins ou de métairies). Leur généalogie n'est pas assurée. C'est toujours un « Jean de Marestang » qui apparaît sur les actes, de l'achat de la seigneurie en 1479 jusqu'à la rédaction d'un testament en 1569. Plusieurs seigneurs du même prénom ont dû se succéder au cours de ce long délai. On ne saurait dire si le « Jean de Marestang » qui prête hommage au vicomte de Lautrec pour sa terre du Tauzia en 1527 est le père ou le fils. Ce gentilhomme a mené une vie d'homme de guerre, sans doute au cours des campagnes d'Italie. Il explique en effet que « s'il n'a pu encore donner son dénombrement, c'est qu'il avait demeuré la plupart du tems aux guerres ».
Vient ensuite Amanieu de Marestang, fils de Jean. Il dut être peu de temps seigneur du Tauzia, puisque son père était encore vivant en 1569, tandis qu'en 1575, sa femme Paule de Vize, passe un acte au nom de son fils Jean, « seigneur du Tauzia ». Jean paraît de loin en loin dans les actes pendant une cinquantaine d'années. Il meurt en 1633 au plus tard, puisque cette année-là a lieu le partage de sa succession entre sa veuve, Dominique de Boyer, et ses six enfants. Son fils Guillaume hérite de la seigneurie. Un endettement chronique, si l'on en croit Philippe Lauzun, forcera Guillaume de Marestang à aliéner la seigneurie quelques années plus tard. Philippe Lauzun avait retrouvé en effet de nombreuses reconnaissances de dettes faites par les Marestang à leur voisin Hector de Gélas, marquis de Léberon. C'est à lui que Guillaume finira par céder « la terre, seigneurie et château appelés au Tauzia », – diminuée du Petit-Tauzia – par un acte passé le 21 juin 1640 au château de Flarambel. Il reçoit en échange la maison noble de Caubet dans la juridiction de Larroque-Fimarcon, avec une soulte de 4 500 livres.
Les Gélas
Les Gélas, marquis de Léberon, possédaient depuis le début du XVIe siècle le château de Flarambel. Hector de Gélas, quant à lui, ne résida guère en Gascogne. « Ses hautes fonctions militaires, écrit Philippe Lauzun, son riche mariage, ses possessions chaque jour plus nombreuses dans le midi de la France, lui firent abandonner le vieux berceau de sa famille et préférer ses magnifiques résidences du Languedoc. C'est au château d'Ambres principalement qu'il résida. C'est de là que sont datés les actes les plus importants de son administration ». Après sa mort, survenue en 1645, la terre du Tauzia revint à son fils aîné, François de Gélas. Comme son père, il reste éloigné de la Gascogne. On le voit rendre hommage au roi (par procureur interposé) pour sa seigneurie du Tauzia en 1692. Il meurt à Paris en 1721. Il s'était dessaisi de la plupart des terres qu'il possédait en Gascogne, et notamment de celle du Grand Tauzia, vendue en 1710 à François de Lafourcade du Pin. En 1717, il se sépare aussi de « la terre et seigneurie noble de Flarambel, autrement dite de Léberon », que sa famille possédait depuis plus de deux siècles.
Les Lafourcade du Pin
La famille de Lafourcade du Pin possède la seigneurie du Grand-Tauzia de 1710 jusqu'à la Révolution. Cette vieille famille béarnaise est originaire d'Orthez. Son nom connaît quelques variations selon les branches et les époques. On le trouve « écrit de Forcade, de Fourcade, de La Forcade et de La Fourcade ». La branche qui nous intéresse est installée dans la région de Condom depuis que Jean de Forcade s'est fixé à Laplume, en Bruilhois, lors de son mariage « avec la fille d'une des maisons nobles et importantes de cette ville » au milieu du XVIe siècle. Son fils Bernard, son petit-fils Philippe seront tour à tour « premier consul » de Laplume, où la famille réside au moins jusqu'en 1646. La famille de Lafourcade fait son entrée dans l'histoire du Tauzia au début du XVIIe siècle, lorsqu'elle hérite de la métairie du Pléchat. Bernard de Lafourcade avait en effet épousé en 1604 Cécile du Drot, dont le père avait acheté en 1597 la métairie du Pléchat à Jean de Marestang, le seigneur du Tauzia. Mais ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1710, que François, arrière-petit-fils de Bernard, achète la seigneurie du Grand-Tauzia. Son fils Renaud, né en 1714, lui succédera comme seigneur du Grand-Tauzia. A la mort de celui-ci en 1788, son fils aîné Antoine devient à son tour seigneur du Grand-Tauzia, à la veille de la Révolution.
La famille de Lafourcade semble être fixée à Condom au XVIIIe siècle. François y est domicilié, d'après des actes de 1711 et 1714. Renaud et son fils Antoine sont dits « habitans à Condom » dans un acte de 1786. Peut-être la famille possédait-elle déjà une résidence de campagne au Pléchat. En tout cas, il est peu probable qu'elle ait jamais habité le château du Tauzia, qui devait déjà tomber en ruines à cette époque. Tous ces Lafourcade ont servi dans les armées royales.
François fut capitaine au régiment de Guyenne, Bernard officier d'artillerie, Antoine sert « comme gendarme dans la maison rouge de Louis XV ». On sait très peu de choses sur leurs rapports avec les habitants du Grand-Tauzia, leurs « vassaux ». Bertrand Boquien |
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Extrait du N° 36 de Maignaut Passion Info – pages 14 à 17 : Chargez le pdf |
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Juillet 2010 - N°36 |
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A la recherche des Maignaut |
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Place aux manants ! Nous avions maintes fois évoqué les seigneurs de Maignaut, l'historien Bertrand Boquien nous a notamment conté leur histoire dans MPI n°24. Aujourd'hui, c'est aux Maignaut de la roture que nous nous intéressons. Jean-Louis Maignaut est l'un d'eux, son grand-père s'est exilé en Avignon à la fin de la Grande Guerre mais il revient fréquemment en Gascogne pour retrouver sa famille, compléter ses recherches généalogiques ou participer aux festivités de Maignaut Passion dont il est un des membres historiques. A notre demande, il nous a fait parvenir un compte-rendu de ses recherches dont il nous précise bien qu'il s'agit de « brut de décoffrage ». S.B
Tout au long de mes recherches pour établir un semblant de généalogie j'ai, en fouinant à droite et à gauche, recueilli des éléments disparates sur les Maignaut des environs de leur capitale. Bien sûr ce n'est pas exhaustif et je vous les livre tel quel.
Le plus ancien document (procuré par Madame Salat) daté de 1672 et établi à Lavardens fait état du paiement d'une dot constituée par Jean Maignaut(e) à sa soeur Domenge (Dominique) pour son mariage avec Jean Limoges (un immigré ?). Tous deux sont « laboureurs » (labouers) le premier de Mérens et l'autre de Préchac. La dot était de six livres et entièrement payée, aucune réclamation donc n'est recevable au cas ou... Plus près de nous en 1796 naissait à Saint Clar Théodore Maignaut. Comme son prénom ne l'indique pas Théodore Maignaut était une fille, pour ajouter encore un peu d'originalité, après avoir fait Pâques avant les Rameaux elle accoucha le 1er avril 1820 (surprise !) et ne se maria que trois semaines plus tard. Elle vécut longtemps (près de 90 ans – pas mal pour l'époque)
A peu près à la même période vivait à Saint-Puy Gérard Maignaut et son fils Joseph (ça commence !) né en 1811 au même endroit, après un premier mariage avec Marie Cannezin de Béraut décédée en 1844, il épousa en secondes noces après quelques années de veuvage une demoiselle Barrère de Maignaut-Tauzia (en 1851 au Village) Il était alors garçon meunier au moulin de Maignaut. De cette union naquit une fillette qui décéda à l'âge de 11 ans à Valence. Sur les recensements de 1872 on retrouve à Camarade au moulin du même nom un Joseph Maignaut âgé de 60 ans; très probablement le même.
Pierre, André, Francis, ...
Pour rester dans la farine, j'ai noté à Condom la présence d'un Maignaut Pierre meunier né aux environs de 1865 et époux d'Adélaîde Favre. Ils eurent trois enfants dont des jumeaux Andréa et André qui lui ne vécut que deux mois. Le troisième : Marcelle émigra dans le Loiret ou elle est décédée à Orléans en 1982. Faut-il voir un lien avec un certain Francis Maignaut qui œuvre dans l'hôtellerie dans le Loiret-Cher ?
Revenons plus près, à Béraut, ou Louis Maignaut, métayer à la Saruille, né vers 1840, épousa Bernarde Duprat qui lui donna deux fils : Joseph (ça continue) en 1875 et Jean Martial en 1881.
Pour Jean Martial c'est loin d'être rose, il est mort dans la grande boucherie de Fleury en 1916. Son nom est sur le monument aux Morts de Béraut et également sur une plaque à l'intérieur de l'église. Joseph que son âge a protégé a épousé Marie Cambos qui nous a donné Jeanne Angèle unie en 1926 à Joseph Salaün. Elle était la tante de Jean Salaün notre estimé co-sociétaire. Je l'ai rencontrée en 1976 lors d'un passage : alerte et diserte comme sait l'être une Gasconne. La première chose qui m'a frappé c'est une ressemblance avec mon grand père et ma tante, le même visage carré et le regard. Elle m'a parlé des Maignaut de son enfance et j'ai même eu un haut le corps quand elle a évoqué un curé Maignaut. Heureusement j'ai appris plus tard qu'il n'assurait que les fonctions de sacristain à l'église de Béraut. Quand à mon grand père il était connu pour ses démêlés avec la maréchaussée. Spécialisé dans les transports (avec une charrette, c'était avant 1914) il circulait tard le soir en n'allumant pas la bougie de la lanterne réglementaire se mettant ainsi en infraction avec le code de la circulation.
Joseph, Hypolite, ...
J'en arrive aux miens. Joseph (le chauffard) est né en Janvier 1870 au lieu dit Douan (à la sortie de Valence sur la route de Vic, a gauche à mi chemin entre Valence et Ampeils, fils de Jean Maignaut et Jeanne Rozès née a Condom. Une soeur, Léonie, vint un peu plus tard qui par la suite épousa Paul Fitte de Beaucaire. Jean est décédé a Cassaigne en 1877. Il avait seulement 41 ans et je ne sais pas ce qu'il fichait là et quelle en est la cause : accident du travail, maladie ou mari jaloux, l'acte de décès étant très succinct je sais seulement qu'il était fils de Joseph Jean (ça recommence, encore et encore) et de Marie Peyronnelle. La maison de Douan et le lopin de terre sont restés en indivision jusque vers 1918 quand mon grand père a pris la route pour Avignon. Entre temps Jeanne Rozès est décédée à Valence en 1903. Deux mois avant la naissance de Joseph, Hypolite Maignaut époux de Jeanne Broca et qui résidait à Ampeils déclarait en Novembre 1869 à la mairie de Valence la naissance d'un garçon que l'on appela devinez comment ? Joseph mais c'est bien sûr ! Les deux garnements ont dû user ensemble leurs fonds de culottes sur les bancs de la Communale de Valence. Les antécédents de ces derniers Maignaut ne sont pas faciles à retrouver car ne possédant pas suffisamment de terre pour les faire vivre ils allaient et venaient au fil des ans en fonction du marché du travail, se mariant à droite et à gauche ce qui nefacilite pas les recherches.
Louis, Marie, ...
Mais j'ai bon espoir, lors de mon dernier passage aux archives départementales à Auch j'ai retrouvé la trace de Jean qui était maître valet dans une exploitation à Bezolles en 1872 (l'Espitalet) Il était accompagné de sa femme et de mon grand père qui avait deux ans environ et de Louis Maignaut (celui de Béraut ? un frère ou un cousin peut être(1) qu'il aurait fait embaucher avec lui ?) Et à Bezolles je note également une Marie Maignaut née aux environs de 1808 (la mère de Jean, épouse de Jean Joseph, s'appelait Marie Peyronnelle) Du coup, avant de repartir, je suis allé à Bezolles pour admirer la tour fraîchement restaurée et respirer l'air du pays. Affaire à suivre, et de bonnes raisons pour revenir !
Jean-Louis Maignaut
Note
1. J'ai évoqué plus haut la ressemblance de Jeanne Angèle avec mon grand père. |
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Extrait du N° 36 de Maignaut Passion Info – pages 22 et 23 : Chargez le pdf |
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Avril 2010 - N°35 |
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La politique au village : des années 1800 à 1914 |
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La vie politique à Maignaut au XIXe et XXe siècles a souvent donné lieu à des luttes passionnées. Mais, faute de documents, on n'en a qu'une vision fragmentaire, surtout pour la première moitié du XIXe siècle. Le premier registre des délibérations du Conseil municipal conservé ne commence qu'en 1860. Il faut donc faire feu de tout bois et rechercher à travers des documents de toute nature (recensements, rapports des sous-préfets, procès-verbaux d'installation du conseil municipal ou du maire, listes de candidats proposés à la nomination du préfet, annuaires administratifs du Gers...) les informations susceptibles d'aider à reconstituer cette histoire.
Une pétition contre l'instituteur
Réuni à la mairie le 19 mai 1861, le conseil municipal de Maignaut-Tauzia proteste unanimement contre une pétition adressée le 11 janvier précédent au préfet du Gers par l'ancien maire, Jean Lavay, et par un sieur Broca, probablement ancien conseiller municipal. Cette pétition dénonçait les intrigues de l'instituteur. Les signataires lui reprochaient de se mêler de la politique municipale et d'avoir influencé les électeurs. Ils mettaient en cause son honorabilité en l'accusant de tenir une sorte de tripot privé. A l'époque, le café est souvent vu comme un lieu de discussions politiques et le pouvoir s'en méfie. Il y a donc eu un changement politique aux dernières élections municipales. Des conseillers sortants ont été battus. Le maire (nommé par l'Administration) s'est sans doute trouvé en conflit avec le nouveau conseil, ou s'est senti désavoué, et a donné sa démission, apparemment avec amertume ! Pour cet ancien maire, le responsable de ce conflit, celui qui a tiré les ficelles, c'est l'instituteur, installé depuis 11 ans à Maignaut. Dans la France du Second Empire, l'instituteur est un personnage encore nouveau sur la scène politique villageoise. Un nouvel homme d'influence, à côté du maire et du curé. Cette influence peut être mal tolérée par les anciens notables, bien que nous ne soyons pas encore à l'époque de l'école de Jules Ferry, où de nombreux villages vivront une petite guerre entre instituteur et curé ou maire conservateur.
En tout cas, le conseil municipal défend vigoureusement son instituteur, à la conduite « digne d'éloge », qui a su gagner « l'affection des enfants » et qui « mérite l'estime des habitants ». Il dément les allégations des auteurs de la pétition : l'instituteur s'est toujours tenu à l'écart des rivalités locales, n'a jamais vendu de vin, n'est pour rien dans la démission du maire, et n'a jamais joué au baccara... Le conseil met en avant sa légitimité issue de l'élection au suffrage universel face à ceux qui « ont voulu... troubler la bonne harmonie qui règne entre les habitants, et paralyser les bons rapports qui existent entre l'autorité communale, l'instituteur et l'administration supérieure ». Il termine par une protestation de dévouement au gouvernement impérial. |
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Pétition des sieurs Lavay et Broca 11 janvier 1861
Le conseil municipal rappelle les termes de la pétition : Ils ont exposé que Mr. Buron, Instituteur public, à Maignaut, lors des dernières élections, avait fait nommer le conseil municipal ; - qu'il fut cause que certains conseillers qui siégeaient au conseil municipal, n'ont pas été réélus ; - qu'il est et qu'il sera l'objet d'une division perpétuelle dans la commune ; - qu'il est cause que Mr. Lavay, ancien maire, a donné sa démission ; - qu'il est marchand de vins ; - qu'il attire chez lui des personnes au nombre desquelles s'adjoint Mr. le Maire, ainsi que le garde champêtre, pour faire au jeu dit Baccara ; - et qu'enfin le conseil municipal nouvellement nommé est hostille au gouvernement.
Délibération du Conseil municipal de Maignaut
du 19 mai 1861 (registre de 1860-1881). |
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1892 : trois séances pour élire un maire
Les élections municipales de 1892 aboutissent à une situation confuse. Le nouveau conseil n'a pas de majorité. Il devra se réunir trois fois avant de parvenir à élire un maire. A la première séance, le 15 mai, le vote donne 5 voix au maire sortant Dubouch, et 5 à Bazile Desbarats, l'ancien maire, républicain. Un second tour oppose Dubouch à Alexandre Mouchet: 5 voix contre 5. Le troisième tour ayant donné le même résultat, Alexandre Mouchet est proclamé maire au bénéfice de l'âge. Mais cette élection sera sans doute considérée comme nulle, puisque le procès-verbal est rayé, sans explication. Les conseillers se réunissent à nouveau le 29 mai. Les deux camps restent sur leurs positions : les deux tours de scrutin aboutissent, comme le premier tour du 15 mai, à une égalité parfaite entre Dubouch et Desbarats. Le troisième tour oppose à nouveau Dubouch et Mouchet et aboutit de nouveau à une égalité de suffrages. Alexandre Mouchet, proclamé maire uneseconde fois au bénéfice de l'âge, refuse formellement la fonction. Il faut donc recommencer l'élection, mais 5 conseillers s'y opposent. Le conseil n'a plus qu'à se retirer. Jean Dubouch refuse de signer le procès- verbal. On peut imaginer dans quel climat s'est déroulée la séance ! Lorsque le conseil se réunit de nouveau, le 7 juin, un des deux camps a jeté l'éponge : 3 conseillers, le maire sortant Dubouch, l'ancien maire Sylvain Bajolle et le maire manqué Alexandre Mouchet sont absents. Bazile Desbarats, cette fois, est élu maire, à l'unanimité des 7 membres présents. Il nous manque beaucoup de clés pour comprendre les ressorts de cette petite crise et nous ignorons aussi pourquoi deux membres du camp adverse se sont finalement ralliés (de guerre lasse ?) à Desbarats. Il reste qu'un climat de forte tension entre les deux camps, conservateur et républicain, transparaît à la lecture des procès-verbaux d'élection, pourtant sèchement administratifs.
Une municipalité de combat
Les élections de 1896 à Maignaut opposent « républicains » et « réactionnaires ». Elles sont sans doute remportées par la liste républicaine. Car si aucun document ne nous renseigne sur les opinions politiques d'Alphonse Lapeyrère, élu maire le 17 mai 1896, on verra que l'homme qui lui succédera bientôt est un républicain résolu. Alphonse Lapeyrère ne reste en effet en fonctions que quelques mois. A-t-il démissionné ? Est-il décédé ? En tout cas, l'Annuaire du Gers de 1897 indique un nouveau maire : Paul-Marie Boué, meunier au Moulin de Maignaut. Il sera réélu trois fois (1900, 1902 et 1908). Le conseil municipal qu'il préside soutiendra vigoureusement la politique anticléricale du gouvernement d'Émile Combes. Appelé à la présidence du Conseil en 1902, après la victoire du Bloc des gauches, Combes mène une lutte énergique contre les congrégations. Le 29 mai 1904 – initiative exceptionnelle dans l'histoire de la commune - le conseil municipal envoie une adresse au ministère, pour exprimer son soutien à la politique gouvernementale : « Les Membres du Conseil Municipal de Maignaut réunis hors séance, adressent au Ministère Combes l'expression de leur dévouement, leurs félicitations les plus sincères pour l'oeuvre d'épuration si énergiquement entreprise et l'engagent vivement à persévérer dans la voie des réformes depuis si longtemps attendues par la vraie démocratie. » Quelques semaines plus tard, le préfet fait transmettre au conseil, par l'intermédiaire du sous-préfet, la réponse du président Combes : « Par dépêche du 16 juin courant, en réponse à une adresse de félicitations et de dévouement au Gouvernement votée par le Conseil Municipal de Maignaut, M. le Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur et des Cultes, me prie d'être auprès des signataires de cette adresse l'interprète des meilleurs remerciements du Gouvernement, qui a été très touché de cette manifestation. Je vous serais obligé de vouloir bien en aviser les intéressés. » Même affirmation vigoureuse de sentiments républicains et anticléricaux dans le toast porté à la santé de ses amis politiques par le maire Paul Boué au cours d'un banquet qui réunit à Maignaut les notables républicains des environs. Dans ce bref discours, il célèbre la victoire républicaine à Maignaut aux élections municipales de mai 1908 en évoquant « la lutte ardente que nous avons eu à soutenir contre la réaction cléricale». Ce qui laisse supposer des combats politiques passionnés, dont il ne nous reste pas d'autre témoignage. Bertrand Boquien |
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La lutte ardente que nous avons eu à soutenir contre la réaction cléricale...
Citoyens,
Comme représentant de la Commune de Maignaut, j'ai l'agréable devoir de souhaiter la bienvenue à nos amis des communes voisines qui sont venus honorer notre fraternel banquet. Leur présence dans notre modeste cité témoigne de l'intérêt qu'ils ont pris à la lutte ardente que nous avons eu à soutenir contre la réaction cléricale et la joie qu'ils ont éprouvé de notre belle victoire démocratique du 3 mai. Ils se sont réjouis de notre triomphe parce qu'ils savent que nous le devons à votre fière indépendance, à votre amour profond pour a République et aussi à votre admirable discipline contre laquelle sont venues se briser toutes les manoeuvres de nos adversaires. Citoyens, je vous prie de lever vos verres en l'honneur de nos invités et de crier avec moi :
Vive la République démocratique !
Texte de discours, Archives familiales. |
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Extrait du N° 35 de Maignaut Passion Info – pages 13 à 15 : Chargez le pdf |
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Juillet 2009 - N°33 |
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Gens de Maignaut et du Tauzia au XVIIIe siècle
Quelques notes tirées des registres paroissiaux
Par Bertrand Boquien |
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Les registres paroissiaux sont la forme ancienne de nos registres d'état-civil. Ils étaient tenus par les curés, qui notaient au jour le jour les baptêmes, les mariages et les sépultures, jusqu'à la loi du 20 septembre 1792 qui a retiré à l'Eglise la tenue des registres pour la confier aux maires. Pour Maignaut-Tauzia, il faut dépouiller les registres des trois paroisses de Maignaut, Auloue et Bertin, qui existaient avant la Révolution sur le territoire de la commune actuelle. Les registres conservés de Maignaut et Auloue ne forment pas une série continue. Ils commencent à la fin du XVIIe siècle (le premier registre est de 1695) et couvrent la plus grande partie du XVIIIe jusqu'à 1789, avec une lacune importante : il manque les années 1708 à 1721. Pour Bertin, les registres conservés couvrent une période un peu plus courte : ils vont de 1737 à 1782. Tous ces registres sont entreposés aux Archives départementales à Auch. On ne peut pas consulter les originaux, mais seulement des copies sur microfilm. Le dépouillement en cours des registres paroissiaux de Maignaut, Auloue et Bertin permettra de mieux connaître l'évolution et l'histoire de la population de la commune. Mais ce n'est pas l'objet de cet article qui veut simplement présenter, un peu en désordre, quelques aspects de la vie (et peut-être plus encore de la mort) des habitants de ces trois paroisses à la fin du XVIIe siècle et au cours du XVIIIe. |
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Les prénoms et les surnoms
Quels sont les prénoms les plus couramment
utilisés au XVIIIe siècle ?
Parmi les prénoms donnés au baptême, deux supplantent de très loin tous les autres : Jean pour les garçons, Marie pour les filles. Viennent ensuite Joseph, Pierre et Bernard pour les garçons, Françoise et Anne pour les filles. Les autres prénoms reviennent beaucoup moins fréquemment. Certains prénoms figurent sur les actes sous leur forme gasconne, celle qui est réellement en usage : on trouve des Blazi (pour Blaise, féminin : Blazie), des Domenges (pour Dominique), Guilhem (retrouvé uniquement dans des actes de sépulture), pour Guillaume, et son féminin Guillelme. On trouve parfois les deux formes pour désigner la même personne : ainsi le sonneur de cloches Domenges Aché devient Dominique d'un acte à l'autre. Les diminutifs sont courants : Jeannet, Jeanillon, Petit Jean, Arnautet… pour les hommes, Jeannete, Thoinete, Françon (pour Françoise), Honorete… On trouve quelques prénoms aujourd'hui oubliés : Frix, et son féminin Frise, Geraud et son féminin, Geraude ou Geralde, Guiraud et Guiraude. Philipe (pour une femme), Vital. Ce dernier prénom a connu une certaine fortune locale, puisque deux maires de Maignaut-Tauzia l'ont porté au cours du XXe siècle. Dans presque tous les cas, le petit garçon reçoit le prénom de son parrain, la petite fille celui de sa marraine. Ce qui favorise évidemment la reconduction des mêmes prénoms d'une génération à l'autre. Certains hommes sont désignés par un surnom. Rien d'étonnant, car les homonymes sont nombreux et le surnom permet de les distinguer, même si ce n'est pas toujours sa raison d'être. Domenges Aché est surnommé « Melet », Jean Aché est dit « Bolhou », Jean Bautian, « Peccouret » et Jean Terrasson, « Barraqué ». Frix Canterac est surnommé « Désiré », Pierre Dubarry, « Tringon », Pierre Capuron, « Pereye ». Ce dernier surnom est aussi le nom d'un lieudit de Maignaut et indique peut-être l'origine de celui qui le porte. |
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Les sages-femmes
Certains enfants, considérés comme en danger de mort, reçoivent le baptême sur le lieu de leur naissance, sans attendre d'être portés à l'église. Voici un acte de 1696 à la fois acte de baptême et acte de sépulture : « Un enfant malle fils de Samson Pellaroque et Marie Boyer à Labère naquit le 109.bre [novembre] an susdit et reçut l'eau du baptesme par la femme sage de Bautian lequel soudain après décéda et fut ensevely dans le cimetière de Maignaut le 11 ». Voici l'acte de baptême de Jeanne Marestaing, née le 19 décembre 1722, « baptisée par la femme sage » le 20. Cette fois, l'enfant a pu être menée le lendemain à l'église d'Auloue, où le curé a procédé au « reste des cérémonie de baptesme ». Mais la petite fille meurt le 22 et est enterrée le 23 dans l'église d'Auloue. Ces deux cas nous apprennent l'existence de sages-femmes qui président aux accouchements. La mention de la « femme sage de Bautian » donne à penser qu'il en existait une dans chaque quartier. Ces matrones n'avaient évidemment aucune compétence médicale |
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Une mortalité infantile impressionnante
La mortalité infantile est impressionnante. Sur environ 270 décès relevés dans les registres de sépultures, 120 (45 %) concernent des enfants âgés au maximum de 5 ans « ou environ » selon l'expression en usage. Et 47 d'entre eux sont morts sans avoir dépassé un an « ou environ ». Combien d'actes de baptêmes sont suivis immédiatement de la mention de la sépulture du baptisé, porté en terre quelques jours après sa naissance1 ! Souvent, un nouvel enfant remplace l'enfant mort dès l'année suivante. Cette mortalité revêt dans certaines familles des proportions dramatiques. Prenons Jeanne Peyrecave. Veuve de Jeannet Aché (nous ignorons si elle en a des enfants), elle épouse le 14 juillet 1700 Jean Florensan, du Mas-Fimarcon (aujourd'hui Le Mas d'Auvignon). Jean vient vivre à Maignaut, au village. Une fille, Marie, naît quelques mois plus tard. Elle meurt à 4 mois. Un fils, Guillaume naît le 23 janvier 1702, 9 mois après la mort de sa soeur. Il meurt à son tour, à 4 mois et demi. Un autre fils, Jean, naît le 20 mars 1703. Il meurt à 18 mois le 10 septembre 1704. Entre temps, Jeanne Peyrecave est morte le 27 juin, à 45 ans, et Jean Florensan s'est remarié dès le mois d'août, avec Jeanne Lapeyre. Un fils, Alexis, naît le 21 novembre de l'année suivante de ce second mariage. Il ne vit que huit jours. « Le susd(it) Allexis Florensan décéda le 29 9bre » note le curé juste après l'acte de baptême. Les 4 enfants de Jean Florensan sont donc tous morts avant 18 mois. La collection des registres s'interrompant après 1707, on ignore s'il y eut d'autres enfants et s'ils vécurent. |
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Le bassin de Notre-Dame d'Auloue
Les actes de baptême révèlent l'existence à Maignaut et Auloue d'une confrérie consacrée à Notre-Dame d'Auloue. Voici Marie Cailleau, née le 15 septembre 1723, baptisée le lendemain. Son acte de baptême indique qu'elle « a esté offerte au bassin de Notre Dame et tenue aux fons baptismaux par Marie Capuron prieure du dit bassin ». De nombreux actes indiquent que le nouveau-né a été ainsi « offert au bassin de Notre-Dame ». Le terme « bassin » désigne à l'origine le récipient dans lequel les confréries et autres associations pieuses récoltaient les aumônes, au profit de leurs oeuvres spirituelles ou de leurs oeuvres de charité. Par extension, il a fini par désigner l'association elle-même. L'objet de cette confrérie était sans doute la dévotion à la Vierge, à laquelle était vouée l'église d'Auloue. Elle avait à sa tête une « prieure », titre honorifique. Les enfants voués au bassin de Notre-Dame sont tenus sur les fonds baptismaux par une « marguillière », ou par la « prieure », plus rarement par un « marguillier ». Les termes de « marguillière » et « marguillier » ne désignent pas ici les marguilliers de la paroisse, qui ont la charge de son administration et de l'entretien de l'église, mais les membres de la confrérie, qui semble être une association surtout féminine. |
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Des morts inhabituelles
La cause de la mort est rarement indiquée. Le curé la mentionne lorsqu'elle revêt un caractère exceptionnel, et particulièrement si la mort est survenue sans qu'il soit possible d'administrer les sacrements. C'est le cas avec Jean Vivès, de Labère, « décédé subitement » le 30 août 1747 à 75 ans. Ou avec Bernade Druillet, du Canonge, dans la paroisse d'Auloue, morte le 7 septembre 1699, « estant [sujete du] 2 mal caduc » et « ensevelie le 8 au cimetière d'Auloue ». Le « mal caduc », appelé aussi le « haut mal », c'est l'épilepsie. Le curé Druillet s'étend aussi longuement sur la mort accidentelle survenue en août 1724 d'un jeune homme « estranger du diocèse de Tarbes àgé de vint ans ou environ, (…) bon catholique » qui se tua d'un coup porté à la cuisse avec son arme. Arme blanche ? Pistolet ? Les lacunes de l'acte ne permettent pas de le dire 3. Il y eut une enquête (« verbal et information »), avant l'inhumation au cimetière d'Auloue le 8 août, « l'accident funeste étant arrivé à Couilleu en la d(ite) parroisse ». |
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Nés de père inconnu
Les registres signalent très peu de naissances illégitimes. Deux seulement ont été retrouvées sur plus de 300 actes de baptême dépouillés. Le 9 octobre 1743, le curé baptise à Maignaut Clere (Claire) Bajole « fille illégitime à Marie Bajole, le père n'étant pas connu ». La petite fille est tenue sur les fonds baptismaux par Clere Canterac, femme de Louis Bonel, le cordonnier du village. Le 16 mai 1778, le curé baptise sous condition « une fille envoyée de Condom dont le père et la mère sont inconnus, à laquelle nous avons donné le prénom de Marie ». « La susdite enfant, ajoute le curé, m'a paru âgée de six à sept jours ». La marraine se nomme Guillemette, « épouse du nommé Brin ». La petite fille a sans doute été confiée à ce couple, qui habite Maignaut, mais sur lequel nous n'avons aucune indication. On peut imaginer une grossesse scandaleuse, et un enfant discrètement abandonnée à une famille de la campagne. La petite inconnue mourra à trois ans er demi. Les registres indiquent à la date du 1er octobre 1781 la sépulture de cette Marie, « fille bâtarde (…) décédée chez la dénommée Brin ». On ne sait rien non plus de cet enfant baptisé à Maignaut le 29 juillet 1741, « dont le père et la mère sont inconnus, auquel on a donné le nom de Jean ». |
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Extrait du N° 33 de Maignaut Passion Info – pages 4 à 6 : Chargez le pdf |
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Janvier 2009 - N°31 |
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Les Lavay*, notables maignautois |
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Deux édifices de Maignaut portent gravé dans la pierre le nom de Lavay : la croix de mission (voir page ci-contre) datant de 1852 et l'imposant caveau érigé dans le cimetière à droite en entrant, au niveau du transept de l'ancienne église de Maignaut. Ce caveau, comme celui de la famille Rieumajou bâti dans l'ancien
choeur et daté de 1892, a dû être construit très peu de temps après le démolition de l'église (vers 1880).
Un cliché datant du début du XXe siècle montre ces deux caveaux comme étant les deux seuls sépulcres bâtis du cimetière. Les archives attestent qu'au XIX€ siècle Lavay est le patronyme d'une ou plusieurs familles éminentes de la commune. Plusieurs maires de Maignaut puis de Maignaut-Tauzia porteront ce nom :
- 1815 Jacques Lavay, élu pendant les Cent jours Bourbons
- 1829 Jacques Lavay, désigné par le préfet en 1829 sur proposition du Maire démissionnaire. Il n'aura pas plus de chance, la révolution de 1830 abrègera son mandat.
- 1846 et 1848 Jacques Lavay, probablement le même qu'en 1829, il sera remplacé après la proclamation de la République en 1848
- 1852 un Lavay Maire selon l'inscription sur le socle de la croix de mission
- 1856 et 1859 Ambroise Lavay, fils de Jacques Lavay
- 1860 Jean Lavay, il démis sionnera la même année dans un contexte vivement polémique (voir encadré ci-contre)
Deux parentés distinctes portent le nom de Lavay sans que nous sachions s'il s'agit des deux branches d'une même famille. La première est établie à Catalan, (rattaché à Bauthian pour quelques recensements). De cette famille sont très probablement issus tous les Lavay maires de Maignaut à l'excep tion du dernier. Le seconde réside à Larroque (rattaché à Cachon pour quelques recense ments), Jean Lavay, maire en 1860 appartient à cette famille.
Documentation rassemblée par Bertrand Boquien
*Prononcer « Lavaille » |
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Pétition des sieurs Lavay et Broca 11 janvier 1861
Le conseil municipal rappelle les termes de la pétition :
Ils ont exposé que Mr. Buron, Instituteur public, à Maignaut, lors des dernières élections, avait fait nommer le conseil municipal ;
- qu'il fut cause que certains conseillers qui siégeaient
au conseil municipal, n'ont pas été réélus ;
- qu'il est et qu'il sera l'objet d'une division perpétuelle
dans la commune ;
- qu'il est cause que Mr. Lavay, ancien maire, a donné sa démission ;
- qu'il est marchand de vins ;
- qu'il attire chez lui des personnes au nombre desquelles s'adjoint
Mr. le Maire, ainsi que le garde champêtre,
pour faire au jeu dit Baccara ;
- et qu'enfin le conseil municipal nouvellement nommé
est hostile au gouvernement.
Délibération du Conseil municipal de Maignaut
du 19 mai 1861 (registre de 1860-1881). |
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Extrait du N° 31 de Maignaut Passion Info – page 4 : Chargez le pdf |
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Janvier 2008 - N°28 |
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Les Lafourcade, seigneurs et maires du Tauzia
Trois générations de seigneurs |
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Pendant la plus grande partie du XVIIIe siècle, la seigneurie du Grand-Tauzia appartient à la famille de Lafourcade(1). Cette vieille famille béarnaise est originaire d'Orthez. Son nom varie selon les branches et les époques. « On trouve son nom écrit de Forcade, de Fourcade, de La Forcade et de La Fourcade ». La branche qui nous intéresse s'est installée dans la région de Condom au milieu du XVIe siècle. Jean de Forcade s'est en effet fixé à Laplume, en Bruilhois, lors de son mariage avec la fille d'une des maisons nobles et importantes de cette ville » en 1554. Son fils Bernard, son petit-fils Philippe seront chacun à son tour « premier consul » de Laplume, où la famille réside au moins jusqu'en 1646(2). Les Lafourcade font leur entrée dans l'histoire du Tauzia par la petite porte, lorsqu'ils héritent, au début du XVIIe siècle, de la métairie du Pléchat. Bernard de Lafourcade avait en effet épousé en 1604 Cécile du Drot, dont le père avait acheté en 1597 la métairie du Pléchat au seigneur du Tauzia(3). Mais ce n'est qu'un siècle plus tard, en 1710, que François, arrière-petit-fils de Bernard, acquiert la seigneurie du Grand-Tauzia (car une seigneurie s'achète et se vend comme n'importe quel autre bien). Son fils Renaud, né en 1714, lui succédera comme seigneur du Grand-Tauzia. A la mort de celui-ci en 1788, à la veille de la Révolution, son fils aîné Antoine devient à son tour seigneur du Grand-Tauzia.
Ces trois générations de seigneurs semblent avoir habité Condom
C'est là que réside François, selon des actes de 1711 et 1714(4). Renaud et son fils Antoine sont mentionnés comme « habitans à Condom » dans un acte de 1786(5). Il est peu probable qu'ils aient jamais habité le château du Tauzia, qui devait déjà tomber en ruines à cette époque. Peut-être possédaient-ils déjà une maison au Pléchat. Tous ces Lafourcade ont servi dans les armées royales. François fut « capitaine au régiment » de Guyenne, Bernard « officier d'artillerie », Antoine sert « comme gendarme dans la maison rouge de Louis XV »(6). On sait très peu de choses sur leurs rapports avec les habitants du Grand-Tauzia, leurs « vassaux ».
Les Lafourcade au Tauzia après la Révolution
Antoine de Lafourcade ne sera seigneur du Grand-Tauzia que pendant quelques mois. Le régime féodal est aboli au cours de la nuit du 4 août 1789. La seigneurie du Grand-Tauzia disparaît à tout jamais. Le ci-devant seigneur n'émigre pas pendant la Révolution. Il reste le principal notable de la nouvelle commune de Tauzia-le-Grand. Élu agent municipal, lorsqu'une nouvelle Constitution supprime les conseils municipaux des petites communes au profit des municipalités de canton, il est de ce fait membre de la municipalité du canton de Valence(7). Sous le Consulat, les communes retrouvent leurs conseils municipaux et leurs maires. Mais les uns et les autres sont désormais nommés par le préfet. Antoine de Lafourcade devient ainsi maire nommé du Tauzia. Il exerce la fonction, apparemment sans interruption, de l'an VIII à sa mort, survenue le 18 février 1810. Sur les registres d'état-civil, il signe toujours « Antoine Lafourcade ». On trouve encore cette signature au bas d'un acte de décès le 27 janvier, trois semaines avant sa mort. L'acte de décès suivant est le sien(8). Pour remplacer Antoine, le préfet nomme un autre Lafourcade : son fils Gabriel-Victor-Amédée, né en 1785. Sur les registres d'état-civil, il signe : « Amédée Tauzia ». Il habite ordinairement le château du Perréau, à Mézin, en Lot-et-Garonne. Certains administrés déplorent l'absentéisme du maire, « homme très recommandable sous tous les rapports mais qui habite un autre département » et qui « ne vient dans la commune que deux ou trois fois l'an(9 )». En ce début du XIXe siècle, Gabriel- Victor-Amédée de Lafourcade est le seul gros propriétaire de la commune de Tauzia-le-Grand. Un observateur note : « tous les biens sont cultivés par des petits propriétaires qui sont tout entiers à leurs travaux ; il n'y a que M. Lafourcade qui possède une propriété assez importante(10 )». L'énumération de effet plus de 6 pages sur la matrice cadastrale de la commune(11).
Gabriel de Lafourcade sera maire pendant une vingtaine d'années
A partir d'octobre 1829, et pendant toute une année(12), il est signalé comme absent et c'est l'adjoint Joseph Bajolle qui dresse les actes d'état-civil(13). Enfin, il démissionne le 15 septembre 1830, invoquant dans sa lettre au préfet des motifs « qu'il est inutile de vous faire connoitre, et que je puis seul apprécier(14) ». Les motifs en question sont-ils politiques, à l'heure où le régime des Bourbons vient d'être renversé par la Révolution de Juillet ? En tout cas, une page est tournée. Mais les Lafourcade père et fils auront été maires du Grand- Tauzia pendant plus de trente ans. Et la commune aura été administrée pendant de nombreuses années par son ancien seigneur.
La famille de Lafourcade ne quitte pas Tauzia-le-Grand
Elle y a une maison au Pléchat. C'est là qu'est mort Antoine en 1810. C'est là qu'habite son frère, Gabriel-Victor, qui signe « Gabriel Tauzia » sur l'acte de décès d'Antoine. Il y meurt en 1850(15). Par la suite, la propriété du Pléchat est vendue à la famille Dubouch(16). C'est au château du Perréau, à Mézin, que Philippe Lauzun consultera les archives de la seigneurie du Grand-Tauzia. Pourtant, pendant résidera de nouveau à Maignaut-Tauzia. Odet de Tauzia, « propriétaire », né en 1862, est l'arrière-petit-fils d'Antoine. Les recensements de 1901 et 1906 indiquent qu'il est domicilié au Tauzia. Il y habite une maison, près du château, où il est encore domicilié en 1909(17).
On ne trouve plus aucun « de Tauzia » dans la commune aux recensements suivants. Mais la famille de Lafourcade conserve encore longtemps la propriété du Tauzia, qui sera finalement vendue à Alfred Bajolle dans les années 1950(18). Bertrand Boquien
Notes
1 Il existe aussi à l'époque une terre du « Petit Tauzia », qui possède ses seigneurs particuliers.
2 J. de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, T. III, 1860, 626 p.
3 Philippe Lauzun, Châteaux gascons de la fin du XIIIe siècle, Rev. de Gascogne, T. 34, 1893, p. 53-61.
4 J. de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire..., ouvr. cité.
5 A.D.G., B 305.
6 J. de Bourrousse de Laffore, Nobiliaire..., ouvr. cité.
7 A.C. Maignaut-Tauzia, Reg. de décès du Grand-Tauzia. Il n'existe plus dans les petites communes qu'un agent municipal, essentiellement chargé de l'état civil.
8 A.D.G., 5 E 256, A.C., reg. d'état-civil de Tauzia-le-Grand.
9 A.D.G., 1 M 108: pétition pour le rattachement de Tauzia-le-Grand à Valence.
10 A.D.G., 3 P 54.
11 A.D.G., 3 P 908.
12 Lors des élections municipales organisées pendant les Cent-Jours, en 1815, Gabriel de Lafourcade est élu maire et se succède à lui-même. Quelques mois plus tard, juste après Waterloo, on le trouve remplacé par son adjoint, le temps d'une publication de mariage. Il a peut-être démissionné, à moins qu'il n'ait été révoqué, au second retour des Bourbon. Dès octobre en tout cas, il apparaît de nouveau comme maire sur les registres.
13 A.C., reg. d'état-civil du Grand-Tauzia.
14 A.D.G., 2 M 79.
15 Au château du Tauzia selon J. de Laffore. Il est beaucoup plus probable que Gabriel-Victor est mort lui aussi au Pléchat (Ph. Lauzun, art. cité, p. 59). C'est au Pléchat qu'il est domicilié en 1841 et 1846 d'après les recensements (A.D.G., 6 M 74 et 104).
16 Philippe Lauzun, Châteaux gascons..., art. cité, p. 60.
17 A.D.G., 6 M 434 et 464 ; arch. Famille Boué : procès-verbal, 15 oct. 1909.
18 Entretien avec M. Jean Immer. |
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Les Trucs de l'historien
« Grâce à la bibliothèque en ligne de Google j'ai pu consulter la Généalogie des Lafourcade dans l'exemplaire de l'Université du Michigan du Nobiliaire de Guiienne et Gascogne ; ça me donne un peu le vertige, mais on s'habituera. » |
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Extrait du N° 28 de Maignaut Passion Info – pages 8 et 9 : Chargez le pdf |
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Juillet 2007 - N°26 |
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Une dynastie de meuniers au moulin de Maignaut |
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Le moulin de Maignaut
C'est en 1852 que Laurent Boué achète le Moulin de Maignaut, sur l'Auloue, aux héritiers Barrère. Quatre générations de meuniers s'y succèderont de père en fils jusqu'à l'arrêt du moulin dans les années 1960. Le Moulin de Maignaut, construit au Moyen Âge, était l'un des deux moulins seigneuriaux existant autrefois sur le territoire de la commune actuelle de Maignaut-Tauzia. Avant la Révolution, il appartenait au seigneur de Maignaut, tandis que le seigneur voisin du Tauzia possédait lui aussi son moulin, à 1 500 m en aval (Moulin du Tauzia). Au début du XIXe siècle, le Moulin de Maignaut appartient à un sieur Bonne. Ses héritiers le vendent à un certain Desbarats, boulanger de Valence, qui l'afferme au meunier Jean Fournex, avant de le revendre à François Lanna. Le moulin passe ensuite à la famille Barrère, probablement à la suite d'un mariage. En 1852, les héritiers Barrère vendent le Moulin de Maignaut à Laurent Boué, meunier au moulin de Camarade à Valence. Laurent Boué est lui-même fils et petit-fils de meuniers.
Une dynastie de meuniers
Grâce aux archives familiales, nous pouvons suivre l'histoire de la famille Boué sur six générations. Six générations de meuniers qui, au cours de leur vie, vont souvent de moulin en moulin. Le premier connu est Blaise. En 1766, il afferme le moulin de Cezan. En 1771, il est meunier à Neguebouc, près de Fleurance. Peut-être exploite-t-il les deux moulins à la fois. Est-il lui-même fils de meunier ? Nous l'ignorons. Jean, son fils est meunier au moulin du Tuco, toujours à Cezan, en 1803, et encore en 1819. On le trouve ensuite aux moulins de Castillon- Debats, en 1831 et 1833. Laurent, fils de Jean, est à son tour meunier au moulin à vent de Castillon- Debats en 1834. En 1837, on le trouve installé au moulin à eau de Flaran, dans la commune de Valence. En 1852, à l'époque où il achète le Moulin de Maignaut, il est meunier au moulin de Camarade, également à Valence. Il semble qu'il exploitait en même temps les deux moulins de Maignaut et de Camarade, comme le fera son fils Paul-Marie. C'est à Camarade que Laurent Boué meurt le 1er février 1855 et sa veuve y est toujours domiciliée en 1872. Paul-Marie, le fils aîné et successeur de Laurent, installe une scierie au Moulin de Maignaut dans les années 1870. Il sera maire de Maignaut autour de 1900. Son fils Joseph et son petit-fils Henri lui succèdent. Henri sera le dernier meunier. La famille Boué habite toujours le Moulin de Maignaut, où elle est présente depuis plus de 150 ans. Si les fils sont meuniers, les filles épousent des meuniers. La soeur de Jean Boué est mariée à un « farineur ». En 1803, le couple habite le moulin d'Escapat à Saint-Puy. En 1813, il est installé au Moulin de Beaucaire. La première femme de Laurent Boué, Marie Dantin, vient d'une famille de meuniers : son frère et son beau-frère sont meuniers, son père possède un moulin sur la Guiroue. Les fils de Laurent et de sa seconde femme, Marie Gardelle, sont l'un meunier,
Moulin à eau, moulin à vent
Le propriétaire du Moulin de Maignaut est aussi propriétaire du moulin à vent bâti au Pouy, au point le plus haut de la commune. Moulins à eau et moulins à vent sont complémentaires. Le moulin à vent pallie l'inactivité du moulin à eau, en période de sécheresse. On ne sait pas quand a été construit le moulin à vent de Maignaut. Il existe déjà, en tout cas, en 1830, puisque lorsque Jean Desbarats vend à François Lanna son moulin sur l'Auloue, il lui cède en même temps « le moulin à vent en dépendant ». Quand les héritiers Lanna revendent le Moulin de Maignaut en 1852, le moulin à vent est à nouveau compris dans la vente. Aujourd'hui, ce moulin est ruiné. Il ne reste plus que sa tour cylindrique en pierre. On ignore à quel époque il a cessé de fonctionner. Il n'avait déjà plus de toit dans les années 1940. Bertrand Boquien
Notes
Sources : archives familiales Boué, Maignaut-Tauzia. * Neguebouc est une ancienne commune, aujourd'huiréunie à Préchac. |
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Extrait du N° 26 de Maignaut Passion Info – page 4 : Chargez le pdf |
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Avril 2007 - N°26 |
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Les maignautois et leurs archives racontent |
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Bertrand Boquien était de retour en février et mars à Maignaut-Tauzia, pour consulter les archives privées et publiques et solliciter les témoignages de familles maignautoises ou originaires de la commune. Un travail discret et productif qui nous rend détenteurs de plusieurs milliers de copies de pièces d'archives. Un travail patient aussi, Bertrand Boquien n'a pas l'âme de l'agent recenseur, il recueille lors d'un entretien, une recommandation pour un second contact, écoute et suit les nouveaux chemins que l'on lui propose.
Une démarche tranquille qui lui a permis d'aller bien au-delà des contacts habituels de l'Association et de rencontrer des familles dont l'érudition et l'intérêt pour l'histoire furent une révélation. Quelques rares refus lui furent opposés, bien vite effacés par l'accueil chaleureux des contacts suivants ou l'émotion de retrouver dans les ancêtres d'une famille maignautoise le tailleur de pierre de l'église du village et du pigeonnier de La Salle. Bien sûr, nous avons confronté les récits de ces entretiens aux documents d'archives et quelques mythes furent chahutés tels ceux sur l'électrification ou sur l'église. Mais respectons la mémoire collective qui est aussi une vérité. Bien des problèmes communaux actuels sont récurrents tout au long des XIXe et XXe siècle tels l'entretien des chemins, l'instabilité du mur du cimetière (ce qui relativise nos railleries récentes) ou les réparations continuelles de l'église dès la seconde décennie suivant sa construction. L'histoire se répète également si l'on se réfère à la chapelle d'Auloue sauvée in-extremis de la démolition (au XIXe siècle) par la volonté passionnée de deux habitants du Grand-Tauzia. Une chance que n'auront pas eu les églises de Bertin et de Saint-Maurice. Les écrits retrouvés attestent du dynamisme d'une communauté rurale forte de plus de 450 habitants au XIXe siècle et portent témoignage de sa contribution aux grands mouvements d'idées du Second empire à la IIIe République naissante, notamment les débats passionnés sur l'instruction et la laïcité.
En avant-première, Bertrand Boquien nous présente dans ce journal quelques illustrations des nombreux thèmes abordés dans son étude. |
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Trois « Boyer » soldats de Napoléon
Les guerres de l'Empire ont provoqué la mort d'environ 1 million de soldats français. A trois reprises – et c'est beaucoup pour une si petite commune – le maire du Grand-Tauzia retranscrit officiellement sur son registre le décès d'un soldat du pays, mort au cours des campagnes militaires napoléoniennes. On suppose qu'il ne s'agit que d'une formalité administrative et que les familles avaient déjà été prévenues, car ces actes sont transmis plusieurs mois après le décès (près de deux ans dans un cas). Curieusement, ces soldats du Grand-Tauzia s'appelaient tous les trois Boyer et deux portaient le même prénom. Joseph Boyer était conscrit. L'Empire avait conservé le système de la conscription. Mais seuls partaient les conscrits désignés par le tirage au sort. Grenadier au 79e régiment d'infanterie de ligne, Joseph Boyer est mort à 20 ans « par suite de fièvre », à l'hôpital de Venise le 26 juin 1808. Raymond Boyer, fusillier à la seconde Compagnie du Bataillon de la garde nationale du Gers est mort lui aussi « par suite de fièvre » le 14 octobre 1812 à l'hôpital de Figuières (actuelle Figueres, en Catalogne) où il avait été amené un mois plus tôt. Son âge n'est pas indiqué. Le troisième décès est celui d'un autre Joseph Boyer, mort à 28 ans. Son acte de décès indique qu'il « a été tué par les Anglais dans l'affaire qui a eu lieu le vingt sept septembre mille huit cent dix en avant de la ville de Coimbre en Portagul(1) d'après la déclaration à nous faite le premier Novembre mille huit Cent Dix par les trois témoins mâles et majeur voulus par la loi, lesquels ont signé au registre avec nous à Villa Franca le dix novembre mille huit cent dix ». Cette mort se rattache aux déboires de l'armée française en Espagne et au Portugal. Napoléon s'est engagé en 1808 « dans une aventure qui deviendrait à terme fatale pour son Empire(2) ». Installant son frère Joseph sur le trône de Madrid, il déclenche une insurrection. Profitant de cette situation, un corps expéditionnaire anglais débarque au Portugal. Il est dirigé par Wellesley, futur duc de Wellington, qui repousse les Français du Portugal. Sur ces trois hommes, deux sont donc morts de fièvres à l'hôpital, un seul est mort au combat. Le cas du Grand Tauzia illustre une situation assez générale : beaucoup de soldats mouraient « dans les hôpitaux militaires, malpropres et encombrés, desservis par un personnel de médecins et de chirurgiens tout à fait insuffisant(3) ». L'hôpital était presque aussi redoutable que la bataille. Bertrand Boquien
Notes
1. Sic.
2. Roger Dufraisse, Michel Kerautret, La France napoléonienne, aspects extérieurs 1799-1815, Paris, 1999, 334 p.
3. Louis Bergeron, L'épisode napoléonien, aspects intérieurs 1799- 1815, Paris, 1972, 255 p. |
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3 février 1961 : la foudre tombe sur le clocher
Dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 février 1961, orages, rafales de vent, pluies diluviennes, s'abattent sur le Sud-Ouest. Chutes de neige en Cerdagne. Mer démontée sur la Côte basque. Trombes d'eau sur Toulouse et Tarbes. De l'Ariège au Tarn, de l'Aude au Lot-et- Garonne, partout les rivières sont en crue. Plusieurs routes sont coupées dans la région de Muret. Le Lot atteint la cote d'alerte à Figeac et Capdenac. Dans la région de Marmande, la montée des eaux devient alarmante. Au petit matin, les agenais sont réveillés par l'orage. Mais c'est sur le village de Maignaut-Tauzia que le mauvais temps se manifestera de la façon la plus spectaculaire. Les travaux de restauration de l'église s'achèvent. Dans la matinée du 3, les maignautois entendent soudain une énorme détonation. La foudre vient de s'abattre sur le clocher de l'église. La flèche est pulvérisée. Des pierres sont projetées un peu partout sur le voisinage, et d'abord sur le toit de l'église. La cloche est tombée à terre. L'événement est resté dans la mémoire des habitants. Mais la flèche ne sera jamais reconstruite. Bertrand Boquien
Note
1- Reg. délib. 1957-1992, p. 22 ; Nouvelle offensive du mauvais temps sur notre région, La Dépêche du Midi, 4 février 1961 ; entretiens divers. |
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30 novembre 1952 : et Maignaut redevint Maignaut-Tauzia…
Jusqu'en 1837, Maignaut et le Grand-Tauzia (ou Tauzia-le-Grand) sont deux communes distinctes. Mais les communes gersoises sont trop nombreuses et l'autorité administrative s'efforce de les regrouper… degré ou de force. Valence aurait bien aimé annexer Maignaut et le Grand-Tauzia. Mais les deux communes s'y refusent et choisissent de fusionner entre elles. Une ordonnance royale du 2 mars 1837 décide leur réunion. La nouvelle commune prend le nom de Maignaut-Tauzia. Son chef-lieu est fixé à Maignaut. Le nom de « Maignaut-Tauzia » ne semble pas avoir été utilisé très longtemps. Au bout de quelques années, il est abandonné au profit de « Maignaut » tout court. Ce changement de nom a-t-il fait l'objet d'une décision officielle ? Ou est-ce seulement un usage qui s'est instauré ? Je n'ai pas pu le déterminer. C'est seulement dans les années 1950 que le conseil municipal, lassé des confusions fréquentes entre « Maignaut » et « Magnan », autre commune gersoise décida de revenir au nom de Maignaut-Tauzia. Bertrand Boquien |
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La décision du conseil municipal
Monsieur le Président expose que fréquenment des lettres destinées à des habitants de la commune et même à la mairie sont acheminées à Maignant* – canton d'Eauze – Gers. Il peut en résulter un préjudice grave, soit pour les destinataires, soit pour les expéditeurs. Il serait donc infiniment désirable que la dénomination officielle de la commune fût complétée par une indication qui permît au Service des Postes, de ne plus donner une fausse direction à la correspondance destinée aux habitants de notre commune.
Le Conseil : Ouï le rapport de M. le Maire, et après en avoir délibéré : considérant que le seul nom de la commune est de nature à donner une fausse direction aux lettres adressées aux habitants décide de remettre en vigueur l'ancien nom de Maignaut-Tauzia – qui subsiste encore sur les actes notariés, nom qui provient de la réunion en une seule commune des deux communes de Maignaut et Tauzia. Il demande à l'Autorité de tutelle de vouloir bien prendre en considération la présente requête. BB
Source : Délibération du conseil municipal du 30 novembre 1952, Arch. comm., reg. de délibérations de 1918 à 1957. *Il s'agit probablement de Magnan. |
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Extrait du N° 26 de Maignaut Passion Info – pages 1 à 3 : Chargez le pdf |
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Septembre 2006 - N°24 |
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Une canicule historique |
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Historique, la canicule de juillet l'aura été en tout cas pour moi, puisqu'elle a été consacrée à la « collecte de la mémoire » de Maignaut-Tauzia, sur le terrain et dans les fonds d'archives. Cet été à Maignaut, ce fut d'abord une première série de rencontres avec des habitants de la commune.
Un accueil toujours chaleureux pour des rencontres studieuses. On y a évoqué la vie des agriculteurs d'autrefois, l'installation de nouvelles familles dans la commune dans les années 1920, avec des conditions de travail rudes, et un confort inexistant, la vie sans l'électricité, sans l'eau courante, souvent jusque dans les années 1950 ou 1960 !
Mes interlocuteurs ont raconté aussi les transformations de l'agriculture, la mécanisation, avec les premiers tracteurs, jusqu'aux mutations actuelles. Ce fut l'occasion d'ouvrir les albums de famille et d'y trouver de très belles photos des vendanges, des foins, des attelages... ou des photos de classe. Nous avons pu reproduire plusieurs de ces documents, dont certains serviront à l'illustration du livre. Des archives privées nous ont aussi été ouvertes. Et je n'oublie pas l'authentique tambour du garde-champêtre de Maignaut, que nous avons pu photographier. Merci à tous.
C'est aux Archives départementales que sont conservés la plupart des fonds intéressant l'histoire de la commune. La plus grande partie des archives municipales y est d'ailleurs déposée, à l'exception des anciens registres de délibérations du Conseil municipal, que j'ai pu consulter à la mairie. Bien d'autres sources nous intéressent : recensements (consultables de 1836 à 1936), la masse impressionnante des minutes des notaires de Valence et des environs, les registres paroissiaux et d'état-civil...
Vive l'appareil photo numérique qui démultiplie le rendement d'une journée aux archives, en permettant de travailler ensuite en toute liberté, comme si on disposait des originaux ! C'est environ 2.000 pages qui ont été photographiées, et qu'il faut ensuite classer, transcrire, mettre en fiches...
Aux Archives départementales du Lot-et- Garonne, à Agen, j'ai pu consulter les papiers de Philippe Lauzun. Cet érudit d'origine agenaise (1847- 1920), s ' é t a i t fixé à Valence-sur-Baïse, où il possédait un grand domaine agricole. Il fut le découvreur des fameux « châteaux gascons », dont notre château du Tauzia. Il n'a rien publié sur le village de Maignaut, mais il a laissé des notes inédites. On y trouve une petite étude du château, des documents sur l'église, le cimetière, les seigneurs du lieu, issus le plus souvent de son patient dépouillement des registres notariaux.
Philippe Lauzun, toujours lui, nous fournit le point de départ d'une enquête à Mézin, à la recherche des archives du Tauzia. Dans son étude sur les châteaux gascons, il indique avoir puisé une bonne partie de ses informations à Mézin, où le châtelain du Perréau, descendant des derniers seigneurs du Tauzia, lui avait ouvert ses « riches et précieuses archives ». Il cite de nombreux documents, dont un acte de vente de la seigneurie du Tauzia en 1479, un livre terrier de la juridiction du Tauzia…
Que sont devenues ces archives après le départ des Laforcade de Tauzia ? Claudette et Serge Belliard se sont rendus à Mézin pour amorcer la recherche.
Dernier volet de ce programme estival : l'inventaire et l'étude du patrimoine architectural. Nous aurons l'occasion de reparler de l'église d'Auloue, du château du Tauzia, des pigeonniers, des fontaines et des abreuvoirs... Bertrand Boquien |
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Extrait du N° 24 de Maignaut Passion Info – page 1 : Chargez le pdf |
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Septembre 2006 - N°24 |
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Qui étaient les seigneurs de Maignaut ? |
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Les premiers seigneurs de Maignaut portaient le nom de leur terre. Renée Mussot- Goulard a évoqué cette famille « de Maignaut », dont le premier représentant connu, Guillaume, apparaît dans une charte de l'abbaye de Saint-Mont vers 1060. Guilhem-Arnaud de Maignaut, à qui l'on doit peut-être la construction du château vers le premier quart du XIVe siècle, « fut sans doute le dernier maître du village » à porter ce nom. La seigneurie tomba-t-elle « en quenouille » et passa-t-elle par le mariage d'une héritière à une autre famille ? On l'ignore. Et l'on ne sait plus rien des seigneurs qui se succédèrent à Maignaut pendant près de deux siècles, jusqu'à Bertrand de Castelbajac, qui apparaît sur un acte notarié de 1493. Plus curieusement, aucun historien ne s'était intéressé jusqu'ici aux seigneurs de Maignaut depuis cette fin du XVe siècle jusqu'à l'abolition du régime féodal en 1789. Les archives permettent pourtant d'ébaucher leur histoire, avec encore bien des lacunes.
Trois quarts de siècle après Bertrand de Castelbajac, des actes font apparaître entre 1573 et 1575 un certain Antoine de Sagettes, « conseiller du Roy et naguères trézorier de France ». On note que son épouse passe des contrats dans le château de Maignaut, qui était donc encore habitable à cette époque. Un demi-siècle encore et deux actes de l'année 1629 nous montrent la seigneurie de Maignaut entre les mains de Paule de Bellegarde, veuve d'Antoine- Arnaud de Pardaillan de Gondrin.
Au milieu du XVIIe siècle, c'est encore une autre famille qui possède la terre de Maignaut. Plusieurs actes échelonnés de 1653 à 1655 mentionnent Antoine de Cous comme seigneur du lieu. La famille de Cous, originaire du Limousin, est « venue se fixer dans le Condomois à la suite d'un des siens appelé à l'évêché de Condom ». En 1698, le seigneur de Maignaut est son gendre, Jean de Goulard (ou Galard), seigneur de L'Isle-Bouzon, en Lomagne. C'est sa femme, Catherine de Cous, qui a apporté la terre de Maignaut à Jean de Goulard, au moment de son mariage, ou à la mort de son père. Pour les maignautois, Jean de Goulard est « Mr le Conte de Lisle », au nom duquel sont commandés devant notaire en 1699 des travaux de couverture au château et au moulin de Maignaut, ainsi qu'aux métairies du Pouy, de Herret et de Saint-Maurice.
Trente ans plus tard, la terre de Maignaut n'appartient plus aux Galard de l'Isle. Elle est revenue, entre les mains de la famille de Pardaillan-Gondrin, qui la possédait déjà au début du XVIIe siècle. Le livre terrier de Maignaut de 1729 s'intitule en effet : « Livre terrier du lieu et juridiction de Maignaut en Armaignac contenant les biens nobles et ruraux exepté ceux qui sont possédez par Monseig(neu)r le duc dantin ». Ce duc d'Antin, c'est Louis-Antoine de Pardaillan de Gondrin (1665-1736), l'unique fils issu du mariage du marquis de Montespan et de Françoise-Athenaïs de Rochechouart-Mortemart. Celle-ci, la fameuse marquise de Montespan, devient la maîtresse de Louis XIV. Les actes relevés par Philippe Lauzun citent encore un duc d'Antin comme seigneur de Maignaut au milieu du XVIIIe siècle. On le voit ainsi affermer devant notaire le moulin de Maignaut en 1749. Il s'agit cette fois de Louis de Pardaillan de Gondrin, l'arrière-petit-fils de Louis-Antoine, qui mourra en 1757.
Il avait cédé sa terre de Maignaut quelques années plus tôt, puisqu'un acte de 1753 mentionne Marie de Fondelin comme « seigneuresse de Maignaut ». La famille de Courtade de Fondelin possède aussi près de Maignaut le château de Léberon, autrefois appelé Flarambel. En 1774, un accord intervenu entre le curé et les « principaux habitants » de Maignaut, d'une part et Madame de Courtade de Fondelin, de l'autre, au sujet d'un projet de déplacement du cimetière, montre que la seigneurie appartenait toujours à cette famille.
L'histoire des seigneurs de Maignaut reste donc bien incomplète, les documents d'archives consultés étant très espacés dans le temps. On voit en tout cas apparaître quelques familles illustres de l'Histoire de la Gascogne : les Castelbajac, les Pardaillan-Gondrin ou les Galard. Mais on ignore le plus souvent quand et comment la transmission s'est effectuée d'une famille à l'autre. Bertrand Boquien
PRINCIPALES SOURCES
Archives départementales du Gers, B 424, B 2601, E Supplément 3237, 1 F 11.
Archives départementales de Lot-et-Garonne, 45 J 8.
Jacques Gardelles, Les châteaux du Moyen Âge dans laFrance du Sud-Ouest, La Gascogne anglaise de 1216 à 1327, Genève, 1972, 284p.
Renée Mussot-Goulard, Enquête sur Maignaut, Wasconia, n°1, Marsolan, 1985, 48 p.
J. Noulens, Documents historiques sur la Maison de Galard, 5 vol., Paris, 1871 à 1876.
Denis de Thézan, Valence-sur-Baïse (Gers) et ses alentours, Revue de Gascogne, T.XI, 1870, p.389-405, 468-482, 513-
526, 546-567. Données : Conseil général du Gers |
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Extrait du N° 24 de Maignaut Passion Info – pages 2 et 3 : Chargez le pdf |
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Juillet 2006 - N°23 |
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A la recherche d'une tuilerie oubliée |
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En consultant les archives familiales que Monsieur et Madame Ladouch ont aimablement prêtées à Maignaut Passion, j'ai eu l'attention attirée par un reçu de 1825, signé par un certain « Antoine Lalanne, tuilier, habitant à la tuilerie de Sarran ». Je connaissais l'existence de la tuilerie de Sarran : elle figure sur le premier plan cadastral de la commune. Mais je n'avais aucun autre renseignement à son sujet.
Plusieurs générations de tuiliers
Au début du XIXe siècle, il existait de nombreuses petites tuileries, dispersées sur le territoire du département du Gers. Ces tuileries fabriquaient en fait des tuiles et des briques. On les appellerait aujourd'hui des briqueteries. C'est ce que montre par exemple la demande d'autorisation du sieur Jean Deneits, pour construire une tuilerie à Marsan, près d'Auch, en 1825 : il compte « y faire cuire des briques, de la thuille dite de canal et de la poterie (»1).
Une recherche dans les registres d'état civil de Maignaut et aux Archives départementales du Gers, à Auch, m'a apporté de nouvelles informations sur cette tuilerie de Sarran, à travers les actes de naissance, de mariage ou de décès de la famille d'Antoine Lalanne. La famille a compté plusieurs générations de tuiliers, à Maignaut, puis à Valence.
Le premier connu pour l'instant est Jean-Baptiste. Né vers 1760, il est tuilier à Sarran, au moment de son décès le 12 mars 1822. On peut supposer qu'il était déjà installé là vers 1805, car l'acte de mariage de sa fille Françoise, en 1825, indique qu'elle est « née à la tuilerie de Sarran » et sa naissance doit remonter à une vingtaine d'années. Les fils de Jean-Baptiste figurent tous deux comme « tuilier à Sarran » sur les actes d'état-civil des années 1820. C'est le cas pour Joseph, lorsqu'il se marie, quelques mois après la mort de son père, auquel il a sans doute succédé. L'autre fils, Antoine, est attesté comme tuilier de 1825 à 1831. Il quitte ensuite Maignaut : des actes le signalent comme « roulier à Valence (1845), puis comme tuilier à la tuilerie de « Hount délas », toujours à Valence (1845). Un autre Lalanne, Jean, probablement fils d'Antoine(2), est attesté comme tuilier à Valence en 1868 et 1877. En 1877 (mais peut-être déjà en 1868), il travaille à la tuilerie de « Fondélas », nom qui est à l'évidence le même que « Hount délas »(3).
Une recherche à poursuivre
On peut conclure de ces nouvelles données que la tuilerie de Sarran existait au moins depuis les années 1800 et qu'elle était toujours en activité en 1831. Pendant toute cette période, elle fut exploitée par la famille Lalanne. Antoine, un des fils quitta ensuite Maignaut pour le bourg tout proche de Valence. Il y exploita la tuilerie de Fondélas, où lui succéda vraisemblablement son fils.
Que devint la tuilerie de Maignaut ? Jusqu'à quand continua-telle son activité ? Que produisait-elle ? Où vendait-elle ses fabrications ? La poursuite des recherches dans les archives permettra peut-être de compléter son histoire. Mais peut-être avez-vous vous-même entendu parler de cette tuilerie, peut-être possédezvous des documents à son sujet. Faites le nous savoir. Bertrand Boquien
Sources : Archives de la famille Ladouch, Plan cadastral de la commune de Maignaut, Arch. départ. du Gers, 5 E 26263 (état-civil), M 81.
1. A.D. Gers, M 81.
2. Jean est neveu de Jean Ladouch et Antoine avait épousé Marie Ladouch.
3. « Hount » désigne en gascon la fontaine. le mot devient « font » en languedocien. |
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Le trousseau d'une jeune mariée (1825)
Le lendemain de son mariage avec Marie Ladouch, Antoine Lalanne, tuilier à Sarran, remet à son beau-père Jean Ladouch, un reçu pour « le linge et les effets » donnés par lui à sa fille.
Le lundi vingt cinq avril mil huit cent vingt cinq, je Antoine Lalanne, tuilier, habitant à la tuilerie de Sarran commune de Maignaut, soussigné, reconnais et déclare avoir reçu du sieur Jean Ladouch mon Beaupère demeurant au dit Maignaut le linge et les effets détaillés ci après qu'il a donné à Marie Ladouch sa fille ma femme, tous lesquels linge et effets appartenants présentement à sa ditte fille, je promets et m'oblige de remettre à ses héritiers dans le cas qu'elle décède avant moi, comme aussi dans le cas que je décède avant elle, qu'elle puisse les reprendre et en utiliser comme d'objets à elle propres sans que personnes ait aucun droit de la troubler à cet égard, sçavoir : Ie. Six coiffes ; 2e. neuf mouchoirs dont quatre d'indienne, deux de coton, et trois de mousseline ; 3e. douze mouchoirs de toile dont huit neufs et quatre usés ; 4e. quinze chemises dont six neuves et neuf usées ; 5e. quatre jupes de bot ; 6e. deux jupes de toile ; 7e. sept jupes de laine dont quatre neuves et trois usées ; 8e deux gilets de laine ; 9e. cinq gilets d'indienne ; 10e. sept jupes de cotonille neuves ; 11e. cinq tabliers de cotonille neufs. ; 12e. onze paires de bas ; et ai signé à Maignaut les jour mois et an que dessus. |
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Extrait du N° 23 de Maignaut Passion Info – page 4 : Chargez le pdf |
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Avril 2006 - N°22 |
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Roncevaux, samedi 15 août 778 |
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Renée Mussot-Goulard
dissipe les brouillards d'une légende hostile aux Gascons par Michel Cardoze
Raconter des histoires de temps très lointains, comme si elles s'étaient déroulées hier et à notre porte, tel est le talent rare de Renée Mussot-Goulard. L'historienne du haut moyen-âge se glisse dans la peau des personnages et dans leurs mondes, au point de nous faire partager ce qu'ils et elles ressentaient. Ainsi en est-il de son dernier ouvrage : Roncevaux, qui réinstalle ce samedi 15 août 778, un fameux jour d'été pyrénéen, au cœur d'un théâtre européen et méditerranéen mouvant et complexe, à la fois politique, guerrier, religieux, humain enfin, c'est-à-dire où le spirituel tient sa partie au moins égale à celle des réalités matérielles.
La date est fournie par la seule source documentaire palpable : « un texte gravé sur la pierre puis transcrit dans un manuscrit de l'ancienne abbaye Saint-Pierre de Condom. Il provient d'une église dédiée à Saint Vincent, où se trouvaient la tombe et l'épitaphe de l'un des palatins morts à Roncevaux ». Pour le reste, nulle trace contemporaine de l'événement à ce jour : ni monnaie, ni bijou, arme, tissu, vaisselle, seuls témoignent les chroniqueurs carolingiens ou arabes, puis la légende issue de la littérature poétique (la fameuse Chanson de Roland date du XIe siècle).
Imaginaire ou véritable ?
La mémoire d'un événement s'est ainsi constituée, en partie imaginaire, qui a recouvert l'événement lui-même, jusqu'à la poésie romantique du XIXe siècle (Hugo, Vigny) à partir de points de vue que l'historien doit décrypter, voire retourner, afin de parvenir à approcher des vérités possibles. Donc, Roland à Roncevaux. « Roland que le roi aime, qui a fait ses preuves comme « comte et marquis » de Bretagne. Il a le commandement général de l'arrière garde ». Cette arrière garde est celle d'une armée chrétienne qui revient d'une Espagne envahie et presqu'entièrement conquise par les musulmans depuis 711. Nous verrons ce qu'elle était allée y faire ou défaire. Cette armée est celle de Charles, qu'on appellera en France Charlemagne et en Allemagne Karl der grosse (Carolus magnus, le grand), il nous est commun, le roi franc, bientôt empereur (il le sera de l'Ebre à l'Elbe). Qu'est-ce-que cette arrière garde commandée par Roland ? Un ensemble de chariots contenant les richesses royales, les équipements et les prisonniers. Ces derniers sont « remis à la garde et aux soins personnels de Roland » qui compagnonne avec le Comte Aggiard (chargé des richesses royales) et le comte Anselme (préposé aux équipements). Devant eux, l'armée de Charles s'étire sur les chemins qui viennent de Pampelune, franchissent les Pyrénées par Roncevaux (et le col de Cize est le port exact du changement de versant, un défilé), et se dirigent vers la vallée de la Garonne qu'ils franchiront un peu au sud de Bordeaux. A l'aller, on avait fait halte à Casseneuil (où le roi avait laissé la reine son épouse enceinte) et Agen, parcouru le condomois, la Gascogne. En août 778, le long convoi de Charles vient de Saragosse, sur la rive droite de l'Ebre, après une halte musclée à Pampelune. Quel avait été donc l'objet de cette campagne de l'été 778 ? L'affaire est on ne peut plus embrouillée, si l'itinéraire est simple (carte hors texte dans l'ouvrage). Charles, le roi chrétien, est attiré à Saragosse par Suleiman-el-arabi, en révolte contre l'émir de Cordoue. Piège ou demande réelle d'arbitrage entre rivaux musulmans artisans de la conquête et islamisés récents (certains ont alors cru que l'islamisation serait decourte durée et se soumirent par intérêt)?
Le guet-apens
Renée Mussot-Goulard démêle l'entrelacs de ces rivalités et alliances à la fois familiales, religieuses, politiques et territoriales. Charles ne prendra pas Saragosse qui semble offerte – il ne se laisse pas tenter, trop risqué, il n'était pas venu pour ça – et s'en retournera en ayant l'impression de tourner le dos à un mauvais guêpier. Une partie de son armée, venue par la Catalogne s'en retourne par le même chemin et le Languedoc. Lui repassera à Pampelune où il impose à nouveau son autorité, rasant les murs de la ville, chassant les Banu Qassi, islamisés récents, recevant le serment des navarrais, consolidant la « marche » sud de son royaume face à la pression armée et religieuse des conquérants venus du Maghreb. L'armée de Charles emmène des prisonniers en gage, dont Suleiman. Et ils sont peut-être le prétexte ou la cause du guet-apens qui va être organisé au col de Cize. Par qui ? « L'embuscade (est) suscitée par les fils de Souleiman-el-arabi, les Banu Qassi et les troupes qu'ils ont pu lever ». Les Banu Qassi, bons connaisseurs de ce pays, le leur depuis trois siècles, sont indispensables aux nouveaux venus, les Souleiman, pour réussir l'effacement brutal des arrières de l'armée de Charles. Pas de bataille, pas de combat, pas d'affrontement mais une surprise venue de l'arrière « au flanc d'une montagne dont l'ennemi occupait les sommets ». Un stratège dirait aujourd'hui : le passage du col n'était pas « sécurisé ». Fatal. Qui est cet ennemi profitant ainsi de la géographie, seule traîtresse connue en la matière ? Les chroniqueurs proches de l'événement désignent « les sarrazins » (cartulaire de San Millan) ou parlent d'une vengeance personnelle (Ibn El Atir), ou encore désignent « les gascons d'Espagne » (Eginhard). Cette dernière formulation a longtemps fait école et suscité erreurs et approximations chez les savants et d'autres.
Les gascons d'Espagne
On sait qui sont les « gascons d'Espagne » au temps de Charlemagne. Il faut citer ici, un peu longuement Renée Mussot-Goulard : « descendants des guerriers goths, membres d'une aristocratie régionale demeurée dans l'ancien territoire des Balthes (Goths « royaux » installés dans les Gaules au début du Ve siècle) après la bataille de Vouillé (507). Ils font partie de la société du royaume franc et catholique depuis le concile de 511, mais sont différents des leudes francs comme de l'aristocratie burgonde des farons. Leur nom, qui a couvert la plus grande partie de l'ancien territoire gaulois gothisé, de l'Espagne jusqu'à la Loire lors de leur soumission à Clovis, s'est fixé en cette fin du VIIIe siècle (768), de la Garonne à Pampelune, laissant le reste aux nouveaux Aquitains. Les Gascons jouxtent le royaume asturien et les territoires mouvants des comtes visigoths islamisés. Les Banu Qassi d'Espagne, comme les Amrussi et autres clans visigoths portent les mêmes noms que les princes gascons « de France » et que les rois asturiens : Liuba/Luba, Asnar, Garsi, Faurti, tous chargés de sens dans leur langue gothique ». Voilà pour la mise au point. Vient la glissade du chroniqueur Eginhard : « il confond pamplonais, Gascons d'Espagne, avec les Banu Qassi d'origine visigothique certes, épisodiquement maîtres de Pampelune certes, mais temporairement entrés dans l'alliance de Souleiman, hors du royaume franc ».
Littérature ou Histoire ?
Ajoutons à cela que les carolingiens ont longtemps exécré les Gascons-Goths, « tous marqués du même sceau d'infamie, ces descendants des hérétiques homéens »(1). De plus « le thème de la trahison des gascons traîne depuis longtemps, depuis Poitiers ». Ainsi se voile une réalité, celle de l'événement Roncevaux, pour des siècles et des siècles.
Et c'est du « brouillard que les scribes carolingiens ont répandu » que vont naître les légendes poétiques, chargées de « meubler les zones obscures des sources ». Même si la littérature recouvre parfois l'Histoire, cette dernière n'est jamais inerte : elle a le dernier mot. C'est aussi la leçon de ce bel ouvrage nourri de faits et de textes décortiqués. Il garde le ton du récit romanesque dans la mise à nu de sa propre méthode d'enquête. Michel Cardoze
Renée Mussot-Goulard, Roncevaux, samedi 15 août 778. Perrin éditeur.
150 pages, chronologie et cartes, 16 euros
Du même auteur : La Dame d'Eauze, Atlantica éditeur.
Note
1.Voir Les Goths, Renée Mussot-Goulard, Atlantica éditeur. Toutes les autres citations ainsi que la carte sont extraites de l'ouvrage présenté. |
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Extrait du N° 22 de Maignaut Passion Info – pages 2 et 3 : Chargez le pdf |
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Avril 2003 - N°13 |
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Conférence/exposition
20 ans après... Renée M. Goulard revient sur le lieu de ses fouilles |
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Au printemps1983,
Renée M. Goulard aidée par ses étudiants de l'Université Paris-Sorbonne dirigeait une fouille de sauvetage au village de Maignaut. L'opération d'une durée de quinze jours était réalisée dans le cadre du programme national d'enquête sur les mottes castrales.
La fouille intervenait après que le propriétaire du terrain eut signalé la découverte de céramiques anciennes lors de travaux d'aménagements. Les fouilleurs ont dû braver des conditions météo très défavorables, travaillant sur une parcelle exposée directement aux violents vents d'Ouest. La municipalité de Maignaut avait du reste mis à leur disposition des bâches de protection.
Un compte rendu des fouilles était publié peu après par les Editions
Wasconia (Enquête sur Maignaut, 1985).
Le 22 mars 2003,
sollicitée par l'association Maignaut Passion, Renée M. Goulard acceptait avec beaucoup de gentillesse, de revenir au village pour exposer l'apport de ces fouilles à la connaissance de l'histoire du village et plus généralement des mottes castrales en
Gascogne.
La conférencière s'exprimant devant près de 70 personnes a évoqué l'histoire du village depuis ses origines, et la vie médiévale en Gascogne. A l'issue de son exposé, Renée M. Goulard a dédicacé quelques- uns de ces derniers livres, notamment sur l'histoire des Goths, de la Gascogne et la cuisine de l'an 1000.
Et nous attendons avec un vif intérêt la sortie prochaine de son second livre sur Maignaut. |
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Rénée M. Goulard :Archéologue, historienne et haut-médiéviste, Renée M. Goulard fait autorité par ses recherches et ses publications sur l'histoire de la Gascogne. Elle a publié plus de 60 ouvrages et achève une « Grande histoire de la Gascogne » qui paraîtra fin 2003, aux Editions Perrin. |
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Extrait du N° 13 de Maignaut Passion Info – page 1 : Chargez le pdf |
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Juin 2001 - N°8 |
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Les noms de lieux de Maignaut-Tauzia |
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La toponymie au pigeonnier/octroi – Le 24 mai dernier, avec près de 30 visiteurs, le pigeonnier faisait « salle comble » pour la présentation par Bénédicte Boyrie-Fénié de l'étude sur l'origine des noms de lieux de Maignaut-Tauzia. En introduction à l'explication de la quarantaine de toponymes de la commune, Madame Boyrie-Fénié, a rappelé l'histoire linguistique de la Gascogne, marquéees sentiellement par des apports aquitaniques, celtes, latins, germaniques... et gascons. |
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Maignaut - Nom d'homme germanique Maginwald (de magin= forceet wald > waldan = gouverner) latinisé en Magnaldus. Magnaldus > Magnaudo > Magnaud > Magnaut puis Maignaut (vocalisation du lantéconsonantique, affaiblissement de la finale atone, et assourdissement du dfinal).
Tauzia - Du gascon tausin, « chênetauzin » (latin quercus tozza) suivi dusuffixe collectif aquitain - are (associégénéralement à des noms de végétaux).
Augé - Ancien nom de baptême d'origine germanique (adal, « noble » et hari, « lance »). Passé en latin médiéva lsous la forme Augerius. (variantes. : Auger, Augierou Ogier).
Bauthian - Peut-être issu d'un nom de famille. Cité par M. Grosclaude commenom de famille dans les Landes, sous la forme Bautiaa.
Bernès - Désigne une aulnaie. Il provient du celtique vernos « aulne », devenu vern en gascon.
Bertin - Du germanique Adalbehrt « noble et brillant » dont est issu le nomde baptême Aubert. Forme diminutive avec aphérèse. Adalbehrt > A(d)albert > A(a)ubert >Aubert + suff. dimin. -in > Aubertin >Bertin.
Bidalot - Petit Vidal ou le fils de Vidal. Du latin Vitalis « empli de la vie spirituelle » qui a donné l'ancien nomde baptême Vidal. Le v étymologique passe à b en gascon et le suffixe -ot est diminutif.
Bolle - Sobriquet attribué à un maçon. Les maçons du Gers utilisaient l'expression vole ! [bole] (du verbe volar, « voler ») pour envoyer le mortier. Le récipient dans lequel on le fait s'appelle ausèth, « oiseau ».
Cachon - Diminutif du nom de baptême (?).
Catalan - Probablement ethnique. Personne originaire de Catalogne.
Embraille - Il est fort probable que la particule honorifique Em ou En (évolution, par aphérèses successives de mounségne. Id. domina > Na) soit à la base du toponyme mais la seconde partie demeure obscure.
Herret - Désigne, au sens propre, u nbriquet pour tirer du feu d'une pierre. Au figuré, sobriquet attribué à une personne.
La Coustalasse (la Coustasse) - « Grande et mauvaise côte » Il s'agit de la forme augmentative et péjorative de còsta, « côte ». Le suffixe est issu du latin -acea ; il est très fréquent en gascon.
La Ribérette - « Versant d'une petitevallée » (du latin riparia et du sufixe.diminutif -itta).
Labère - Sobriquet, « la belle » issu du bas latin bella. Un lgéminé, à l'intervocalique passe à r, en gascon).
La Bonne - Pris substantivement, c eterme est l'équivalent de ferma; il désigne une caution, une garantie. Terme juridique se rapportant à la propriété foncière.
Labourdasse - Forme augmentative et péjorative de bòrda « métairie ». Désigne une grande ferme en mauvais état. Noter que le mot borde, très présent dans l'ensemble roman, est d'origine germanique (comparer avec l'anglais board, « planche ») et désigne initialement une construction en bois .
La Plantade - Occitan plantada, « jeune vigne ».
Larroque - Issu du pré-latin rocca, « roche ». Traduit l'existence d'une butte puis, par extension, du château bâti sur cette butte. Correspond généralement à des sites fortifiés.
Las Glézier - Du latin ecclesia, « église ». Ce nom correspond généralement, comme Gleyzia, à des vestiges archéologiques. Ces lieux deculte anciens peuvent, en effet, coïncider avec un aménagement antérieur du site. Le remploi dematériau in situ explique alors la pérennité de l'occupation du sol (cf. la chapelle de Géou à La Bastide d'Armagnac, construite avec les pierres de la villa romaine voisine).
La Salle - Maison de maître avec une grande salle commune. Le mot présent dans tout le domaine gallo-roman, a pour origine le francique sala.
Lauzit - Autre sobriquet de maçon issu de l'Auseth ou l'Ausith, « Auget à mortier », à mettre en relation avec le nom de lieu Bolle.
Le Canonge - Désigne le chanoine, probablement en liaison avec la chapelle voisine.
Le Cascara - « Lieu planté de chênes verts », vient de l'aquitanique cascarre,« chêne vert » associé au suffixe collectif ar < are. Fréquent surtout dans les Landes.
Le Tinal - Dérivé du latin tina, désigneune cave, un cellier, voire une ferme.(En Armagnac, tin, « bois à futaille).
Le Couilléou - Sobriquet. Du gascon cojèir « fabricant de paniers ».
Le Pléchat - « Champ entouré de haie s» Issu du gascon lo pleish pro-venant du latin plexus. A rapprocher avec Le Plessis, dans le Nord de la France et le nom de famille Dupleix (forme occitane).
Les Arriouaoux - Dérivé du gascon arriu, « ruisseau ». Désigne les abords d'un cours d'eau, une petite vallée humide.
Les Casaillots - Désigne des petit sjardins. Dérivé de casal/casau (ce qui entoure la casa, la « maison »).
Les Pissettes - Sources au débitlimité. (?).
Livet - Nom savant qui rappelle le mont des Oliviers biblique. Aphérèse d'Olivet (cf. Lieu-dit Olioué, commune de Saint-Orens).
Mathéou - Nom de baptême d'origine hébraïque, signifiant « don de Dieu ». Mathieu, équivalent du grec Théodore.
Montereau - Nom de famille originaire du domaine d'oïl (Loiret). Le patronyme, issu d'un toponyme, est l'évolution du latin monasteriolum, « petit monastère ».
Péreye - Désigne le poirier.
Peyron - « Petit Pierre » ou « fils dePierre ». Hypocoristique du nom de baptême latin Petrus, qui donne Pèir ou Pé dans les parlers occitans.
Pouy - Du latin podium, « hauteur, tertre, éminence ».
Saint-Maurice - Hagionyme. Lieu-ditmis sous la protection de Saint Maurice (< latin Mauritius ou Mauricius), chefde la légion thébaine, martyrisé à Agaune en 286.
Sarran - Probablement, un ancien nomde baptême, issu du latin Sarranus, désignant : un phénicien, un carthaginois ou encore la couleur pourpre.
Soulens - Versants exposés au soleil.
Triage - Rencontré sur le cadastre ancien, au niveau des zones boisées et de bruyère, ce terme désigne, au XVIe siècle, un « canton de forêt ». Ce terme français, équivalent du gascon cornau,est une altération de l'ancien français triege qui signifie « carrefour ». Très probablement issu du latin de Gaule trebiu, dérivé du gaulois trebo « quartier de village » (cf. breton et irlandais treb).
Trizac - Nom de famille originaire du Cantal ; Trizac (Trizac, XIIe siècle), nom de lieu, procède d'un nom gaulois Tritius auquel est associé le suffixe -acum. « domaine de Tritius».
Trouillon - Il s'agit de la forme diminutive de trolh qui désigne un pressoir (du latin torculum).
Les noms de cours d'eau
La Baïse - Désignée par Vanesia au IVe siècle, dans l'Itinéraire d'Antonin et l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. Hydronyme préceltique désignant l'eau, issu d'une base ban et du suffixe latin itia. En gascon, le -n-intervocalique tombe : Banitia> Ba(n)itia> Baïtia> Baïse.(cf. la Banise, Creuse, dans une régionoccitane où le -n- est conservé).
L'Auloue - Cet affluent de la Baïse apour origine avara, une autre base hydronymique préceltique désignant l'eau, associée au suffixe ona très fréquent pour dénommer les cours d'eau. Avarona> Auro(n)a> Auroue> Auloue.
La Gèle - Autre hydronyme préceltique désignant l'eau sur une base gel (cf. Gélise et Gelas, fleuve de Sicile).
Deux « Insolites » très récents
Decho dise, au Canonge : signifie en gascon laisse dire.
Serendip, au Village : désigne en anglais médiéval, l'île de Sri Lanka (ex Ceylan).
Bénédicte Boyrie-Fénié |
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Les noms de lieux racontent
Certains noms de lieu de notre pays sont très anciens. Les premiers remontent à une strate pré-latine, c'est-à-dire avant l'arrivée des romains, mais la plupart sont romans (Veau Xe siècle) ou gascons (Xe au XVe siècle). Bien que la majorité de la toponymie soit fixée à la fin du Moyen-Age, les périodes d'expansion économique ultérieures (XIXe siècle par exemple) ont encore contribué à enrichir le patrimoine, en particulier, par la fixation de noms de famille liés à la propriété du sol. La toponymie est toujours vivante, nous en avons des exemples ici, avec des créations récentes telles Decho dise ou Serendip. Au fil des siècles, ces noms ont évolué, souvent déformés par l'usage et parfois mal transcrits, leur signification ne nous est souvent plus directement compréhensible .La toponymie, utilisant la linguitisque, l'histoire et la géographie se propose de retrouver l'origine et le sens des noms de lieu. Interpréter ces noms, c'est mieux comprendre un terroir, en le découvrant au travers de son histoire et de l'évolution de son peuplement, de ses langues, de son relief, de ses activités économiques, de sa faune et de sa flore. |
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Etude réalisée par Madame Bénédicte Boyrie-Fénié
Spécialiste de toponymie gasconne, Bénédicte Boyrie-Fénié a rédigé sa thèse de doctorat sur la « Toponymie de la Grande Lande et microtoponymie du canton de Pissos ». En collaboration avec Jean-Jacques Fénié, agrégé de géographie e tenseignant en langue occitane, elle a édité aux Éditions Sud-Ouest les ouvrages suivants :
- Toponymie gasconne (1992)
- Toponymie occitane (1997)
- Dictionnaire des pays et provinces de France (2000) |
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L'origine de certains toponymes n'est pas assurée.
Aussi, une étude auprès des archives est-elle indispensable pour affiner la recherche. Ce travail sera entrepris prochainement. Nous remercions par avance les lecteurs qui nous communiqueraient des éléments pouvant compléter c etravail. |
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Extrait du N°8 de Maignaut Passion Info – pages 2 et 3 : Chargez le pdf |
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Décembre 2000 - N°7 |
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Edouard Ier d'Angleterre et Aliénor de Castille |
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Fils d'Henri Plantagenet, roi d'Angleterre et seigneur de Guyenne-Gascogne, Edouard avait 15 ans lorsqu'il épousa, la petite princesse Aliénor de Castille, soeur du roi d'Espagne, âgée de 12 ans. Le mariage, célébré à Burgos en 1254 constituait une froide alliance politique entre 2 familles royales. Le roi de Castille abandonnait ses prétentions sur l'Aquitaine et la Gascogne. Mais surtout cette union devait sceller 36 années d'un amour profond entre 2 êtres désormais inséparables. Après une première année à Bayonne, les jeunes époux firent plusieurs séjours dans le Sud-Ouest dont le dernier à Condom en 1289. Aliénor accompagna son roi-guerrier aux Croisades en Orient et aux grandes campagnes militaires contre les Écossais et les Gallois. Et, pendant toutes ces pérégrinations, elle endura 16 grossesses et 7 enfants devaient survivre. Elle mourut en 1290, à Lincoln sur la côte Est. Le roi, désespéré, fit ériger le long du cortège funèbre menant à Londres, 12 croix sculptées, sommets de l'art médiéval. Les deux époux reposent côte à côte à l'abbaye de Westminster. Edouard Ier, son fils Edouard II, et son petit-fils Edouard III régnèrent sur l'Angleterre pendant un total de 105 années, une dynastie historique et importante au coeur de la guerre de Cent ans. Trois croix sculptées sont toujours en place, dont une, sombre et magnifique, se dresse près de notre village. Quand je passe devant, je crois entendre rire la petite fille de Castille. Larry Rushton |
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Extrait du N°7 de Maignaut Passion Info – page 3 : Chargez le pdf |
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